Sus au Sub-Huit, Herr Maggot !

18.10.2022

De retour à Amiens pour la 5ème fois, pour venir à nouveau y chercher le précieux Sub-8.

Objectif : 7h58. Symétrie oblige, après les 8h02 de 2015.

La prépa sur 9 semaines s'est bien passée.

L'accent a été mis sur l'allure spécifique avec un volume kilométrique hebdo limité, peu d'EMA, pas de VMA. Les voyants sont au vert : la confiance est là.

Le plaisir de partager cette nouvelle aventure avec Nathalie également.

Distance	Temps / détail séance	Pas	Kilom. Hebdo	Sem	Vs	Vmoy	Récup	Durée Hebdo
12,6	1:00:00	4:45	70,7	33		12,6		05:55:24
16,1	3x3000m	4:14		(1/9)	14,2	12,0	3’
13,9	1:12:29	5:12				11,5
28,05	2:22:08	5:04				11,8
12,4	1:09:29	5:36	91,9	34		10,7		07:42:20
12,62	1:00:06	4:45		(2/9)		12,6
7,66	3000+1000m	4:12			14,3	12,0	4’
12,9	3x3000m	4:15			14,1	12,4	4’
14	1:12:56	5:12				11,5
32,35	2:39:11	4:55				12,2
12,2	1:10:15	5:45	108,6	35		10,4		09:14:06
10,53	4000m	4:17		(3/9)	14	11,3
12,7	1:00:08	4:44				12,7
*Total AOUT*						*527,0*	*km en*	*53:53*
15,1	3x3000m	4:09			14,5	12,5	4’
15,8	1:30:56	5:45				10,4
42,22	3:24:14	4:50				12,4
12,61	1:00:11	4:46	55,8	36		12,6		04:34:34
16,67	1:19:42	4:46		(4/9)		12,5
12,6	1:00:15	4:46				12,5
13,94	1:14:26	5:20				11,2

6,9	41:18	5:59	101,9	37		10,0		08:17:38
19	1:30:13	4:44		(5/9)		12,6
16	1:15:52	4:44				12,7
10	48:04	4:48				12,5
50	4:02:11	4:50				12,4
11,2	1:01:06	5:27	133,8	37		11,0		11:22:12
15	1:11:31	4:46		(6/9)		12,6
20	1:34:02	4:42				12,8
13,1	2x3000m	3:57			15,2	13,0	3’
20,1	1:36:04	4:46				12,6
12,21	1:36:29	7:54				7,6
42,2	3:22:30	4:47				12,5
11,5	1:08:25	5:56	116,0	38		10,1		09:30:53
15	1:10:11	4:40		(7/9)		12,8
15,3	1:12:29	4:44				12,7
10,6	1:01:00	5:45				10,4
30,25	2:22:22	4:42				12,7
*Total SEPTEMBRE*						*447,3*	*km en*	*63:08*
33,33	2:36:26	4:41				12,8
13,2	1:02:17	4:43	39,0	39		12,7		03:04:06
13	1:01:33	4:44		(8/9)		12,7
12,8	1:00:16	4:42				12,7
10,1	48:14	4:46	115,1	40		12,6		10:53:58
5	24:33	4:54		(9/9)		12,2
100	9:41:11	5:48				10,3

Départ à 6h30 - by night - du Parc de la Hotoie.

Météo : 15°C, un peu de vent, un crachin rafraîchissant.

On commence l'échauffement, comme d'habitude, par 2 tours de parc avec le frein à main serré (interdiction d'atteindre l'allure de croisière avant le 5^ème km) avant de s'engager sur le boulevard pour rejoindre la Somme canalisée et entamer un aller-retour de 23km à l'Est d'Amiens.

Je progresse, en compagnie de 2 autres coureurs, dans la foulée de la deuxième féminine et future vainqueur(e) de l'épreuve. L'allure moyenne ciblée (4'42/km) est atteinte vers le 5^ème kilomètre, comme prévu. Le train est régulier. Les sensations sont bonnes. Le cardio oscille entre 135 et 140bpm. Zen.

Au 11^ème km, après un coude à droite, nous croisons les accompagnateurs à vélo, massés de part et d'autre de l'allée en lattes de bois qui longe la rue reliant Camon à Longueau. Nathalie m'encourage au passage.

A la sortie de la dite allée, où le parcours fait un coude à gauche pour reprendre sa direction, plein Est, la féminine avec qui je progressais seul, depuis quelques kilomètres, décide de s'octroyer une pause. Je poursuis donc seul en veillant à maintenir mon allure bien régulière, dans la fourchette travaillée à l'entraînement et autorisée aujourd'hui : 4'40/4'44. Je commence aussi à me demander à quel moment, à quel kilomètre, je vais croiser les coureurs de tête. L'attente est de courte durée - moins de 15min - puisque le trio de tête me croise au 14^ème km, sur la fin de la section bitumée qui va se poursuivre bientôt par un chemin de halage, après un passage sous une voie ferrée. Je profite de ce changement de revêtement pour m'autoriser à mon tour une pause d'une vingtaine de secondes.

Le demi-tour se fait au km 16 à partir duquel je commence, à mon tour, à croiser les coureurs qui me précèdent. Ce moment coïncide également avec le lever du jour. Je ne m'en rends pas compte sur le moment, mais l'effet "boost" est immédiat : entre les km 16 et 22, mon allure passe de 4'42 à 4'35 au km et j'ai toute la peine du monde à me recentrer sur l'allure programmée. Heureusement, je retrouve bientôt Nathalie et c'est une nouvelle séquence qui commence, après ce premier semi couru en 1h39, trop rapide de presque une minute.

Les 20 km suivants nous amènent au marathon. Chaque tranche/lap de 5km est couru, comme attendu, en 23'30/23'40. Par contre, le solide (pâte de fruits ou d'amande) ne passe plus depuis le semi. Conséquence directe de cette alimentation en berne, l'allure commence à baisser à partir du passage du marathon, d'abord imperceptiblement, puis plus franchement... et jusqu'à atteindre bientôt 7'40/km.

Je me fais dès lors passer en trombe par mes poursuivants et m'enfonce, à chaque pas un peu plus, dans un abîme de doute alimentant les pensées négatives qui m'assaillent depuis le 35^ème km et laissant la voie libre au travail de sape de l'autodépréciation.

En réalité, si l'allure moyenne n'a commencé à chuter qu'à partir du marathon, je forçais déjà depuis 5 ou 6 kilomètres pour maintenir celle-ci au niveau souhaité... un niveau que ma tête et mes jambes semblent ne plus me permettre à effort constant. J'ai donc sans doute précipité ainsi la panne sèche de carburant - sujet d'actualité s'il en est - dans le même temps que mon mental s'employait à instiller insidieusement en moi le projet d'un nouvel abandon.

Funkadelic - Maggot Brain [HQ]

https://www.youtube.com/watch?v=JOKn33-q4Ao

"Sus au Sub Huit" painful boy --- "SaSH Herr Maggot" was there

Heureusement, Nathalie ne l'entend pas de cette oreille.

Elle me morigène, sans gêne, me rappelant que je suis venu ici pour y faire ma course. Et, accessoirement, qu'elle s'y trouve également pour vivre cette même course, à mes côtés, et de bout en bout, jusqu'à l'arrivée, après avoir déjà partagé avec moi de longues séances dominicales de préparation à allure spécifique, visant à savoir gérer aujourd'hui le présent hic. Et nunc par conséquent.

Progressivement, j'arrive à intégrer cette idée.

Il n'est ~~pas~~ plus envisageable de baisser les bras et de jeter une nouvelle fois l'éponge sur ce parcours amiénois. Ce n'est ~~pas~~ plus une option. Le chrono n'importe plus désormais, il convient seulement de finir. Et on repart donc à un train de sénateur. Mes jambes semblent OK pour rester sur 6'20/6'30 et ça me va bien. Je remodélise la fin de la journée afin de pouvoir plus facilement me l'approprier : j'ai donc 60 bornes devant moi pour travailler quelque chose qui pourrait ressembler à une allure 24h... et prendre peut-être, du coup, un peu d'avance sur la suite du programme 2023 ? Well... Why not ? Ca me va. Au point où j'en suis.

Le calvaire de la tranche [35-55] qui m'avait vu résister, d'abord au principe (mécanique) de réalité (pas de carburant, pas de combustion ; pas de combustion, pas de locomotion), tout en sachant ce combat perdu d'avance, puis à la forte tentation d'abandonner, est désormais derrière moi.

L'allure enclenchée maintenant, nettement moins sollicitante (on est passé de 70% à 50% de VMA), ne nécessite plus une alimentation aussi importante, ni aussi écoeurante. Pour autant, j'ai désormais pris l'habitude, à chaque poste de ravitaillement, d'engloutir un gobelet de Coca et un quart de banane pour tâcher de tenir à distance le spectre de l'hypoglycémie, toujours susceptible de revenir hanter ce qu'il me reste de foulée. Et ça passe plutôt bien : je n'ai pas à me forcer, ces aliments sucrés me font encore envie, en alternance avec des aliments salés, "désécoeurants", de type Babybel ou Vache qui rit. Miaaaam ! Ca sale et ça rebooste la joie de courir. C'est tout bon, ça !

On repart donc sereinement en direction du demi-tour situé tout au bout de cette longue boucle Ouest du parcours, déjà reconnue l'année dernière, et qui nous emmène un peu plus loin que le demi-tour de 2015, alors positionné sur la place principale de Long.

Le deuxième et dernier demi-tour au milieu du 64^ème km.

Sans surprise, je note que le simple fait de commencer à croiser des coureurs - mes poursuivants - provoque à nouveau le même effet que, plus tôt ce matin, après le demi-tour de la boucle Est : les 6'30/km se muent imperceptiblement en 6' puis 5'40 avant que je me reprenne et revienne à mon train de sénateur. Pour finir cette course proprement, il faut accepter de la faire dans un fauteuil, en posant simplement un pied devant l'autre, sans plus pousser à la roue, sans tentative présomptueuse d'augmenter cette pourtant très modeste allure, sous peine de finir à plat ventre. Ou de ne pas finir.

Peu après le demi-tour, nous croisons Stéphane Mathieu -- dont c'est aujourd'hui le 299^ème 100 bornes, soit dit en trottinant -- et qui, en me voyant, et sans attendre que je dise quoi que ce soit, me lance un amical "Ce sera pour la prochaine fois, Christophe". Je le remercie d'un sourire et me garde bien de répondre à cette sage et bienveillante suggestion, comme je crois bien, à ce stade, m'être déjà résolu à mettre un terme, aujourd'hui, à mon cycle 100 bornes, initié en 2009.

On croise ensuite pas mal de coureurs et c'est très sympathique, quasiment à chaque fois, de s'encourager mutuellement. Dès qu'on a croisé les tout derniers cent-bornards, par contre, le sentiment de solitude nous retombe dessus, littéralement, s'ajoutant à la monotonie du parcours, le long de la Somme. Cela se traduit par un coup de mou qui s'installe progressivement, paresseusement, lentement mais sûrement.

Heureusement, l'avant-dernière section de 5km est l'occasion d'une bienvenue redynamisation.

En effet, peu après le ravito du 90^ème km, nous croisons les premiers coureurs du Marathon de la Somme, partis d'Amiens à 14h30, et qui empruntent en aller-retour la section [28-48] du parcours des 100km. Et le syndrome désormais bien connu du coureur sur chaussée bidirectionnelle (Syndrome CSCB) joue à plein : je me retrouve bientôt à 5'20 au kilo en allure instantanée, jovial, rayonnant, à encourager en retour les marathoniens qui m'encouragent en aller. C'est ridicule mais ça me plaît bien ! Et bien entendu, une fois le dernier marathonien croisé, sans surprise, l'allure retombe autour de 6'20.

Le compte à rebours s'accélère désormais. Les tout derniers kilomètres sont là.

Encore un pont à emprunter, un boulevard à remonter sur quelques centaines de mètres, puis un petit semblant de sprint pour l'arrivée victorieuse et heureuse dans le Parc de la Hotoie.

Victorieuse, cette arrivée l'est incontestablement, simplement parce que je l'ai ralliée. Et que ce ne fut pas simple. Heureuse, elle l'est aussi, assurément. Nos sourires, à Nathalie et moi, ne mentent pas.

Merci à Eric (Vandeportal) pour les photos de l'arrivée et les encouragements sur le parcours

Merci à Eric (Vandeportal) pour les photos de l'arrivée et les encouragements sur le parcours

Ce fut à nouveau un plaisir, même bref, de retrouver pas mal d'amis coureurs, avant le départ, puis sur le parcours et enfin à l'arrivée : Stéphane, Francine, Thierry, Odile, Mick, Jef, Christophe, Eric, ...

- A quand la prochaine ?

- Sans doute sur les 6h du (famous) Patat'Off, début mars 2023, pour certains ?

- On a hâte déjà !

Quant au 100 bornes...

Sur le moment, à chaud, et tout à la déception de la cuisante contre-performance du jour, j'avais tout d'abord décidé d'en finir avec ce format, de tourner définitivement la page du 100 km en compétition, de changer de cycle après 14 ans de longs et royaux sévices.

Puis, de retour en Lorraine, à froid, et avec l'aide bienveillante de ma mie, j'ai finalement changé d'avis et me refuse, tous comptes faits (et refaits), à abandonner cette quête du Sub8, initiée à Theillay en 2009, et toujours réaliste aujourd'hui, selon moi.

Certes, cet objectif (7h58, à présent, au lieu des 7h40 visés entre 2009 et 2015) est ambitieux et induit une prépa et une course effectuées sur le fil du rasoir, mais c'est précisément ce type de challenge qui me motive et m'aide à tenir debout (en 2 bouts, en réalité ; je n'envisage pas de continuer sans ma moitié).

C'est donc décidé, Nathalie !

C'est autour de 4'42 au kilo que nous soufflerons nos 36 bougies.

Et si le cycle marathon est clos depuis bien longtemps, celui du 100km a peut-être encore quelques années devant lui. Et à tout le moins, l'année 2023, pour (re)commencer.