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L'Hexagone en courant... en famille et en diagonale(s)

UBF 205 - Ultrabellifontain #2

Prologue

Une semaine après les faits, j’entame mon compte-rendu de ce deuxième UBF 205 alors que son vainqueur, Philippe Pollesel, ainsi qu’un autre finisher multirécidiviste de la belle bellifontaine, Jean-Louis Valderrama, sont en train d’en découdre, forts d’une longue semaine de récup, sur la Nove Colli, la belle italienne dont les 9 cols m’ont inspiré les 16 cols de l’U2B, il y a quelques années, et que je compte bien, me-too, one of these days, aller joyeusement arpenter.
 
Il reste à peine 28km à Popol avant de franchir la ligne d’arrivée et de tremper ses orteils, depuis longtemps trop enserrés, dans une Adriatique patiemment désirée, orgie de fraîcheur et royal rince-pieds. Crocsman est plus loin, sur la route des 9 Cols, aux prises avec d’impitoyables barrières horaires qui, de CP en CP, lui réchauffent le derrière, mais avec le soutien sans faille – l’assistenza – de Stéphanie, Signora Lapinou, qui lui confère cette ténacité fromagère – « le plus important en ultra, c’est l’emmental » – et cette quasi-invincibilité légendaire.
 
Une semaine après les 205km de l’UltraBelliFontain, donc, alors que certains camarades sont déjà en train d’enchaîner avec les 200km de la Nove Colli, j’avoue pour ma part apprécier que mon organisme tout entier – la tête et les jambes, le bide et les ripatons – me souffle de prendre le temps d’un peu de recul, de récupération, avant de repartir, bille en tête, en quête de quelque nouveau soleil, quelque nouveau futur, quelque nouvelle aventure.
On délace les baskets, on délasse le baudet.
On déchausse l’enclume pour reprendre la plume.
 

Vendredi 28 avril – On the road again

J’ai pris ma journée pour faire la route tranquillement, de Metz à Fontaine-le-Port, après avoir achevé la confection de mes drop-bags. Ne doutant nullement que cela me portera chance, j’ai choisi d'enchaîner les impairs en déposant un sac aux CP N°3, 5, 7 et 9.

Vers 17h, j’arrive chez mon frère, Arnaud, à Champagne-sur-Seine, et déjà sur le parcours de l’UBF, précisément au Km148 où nous devrions passer dans la nuit de samedi à dimanche. Arnaud officie comme «cantinier» de l'UBF et doit récupérer du matériel et des provisions mis à disposition par l'organisation. Aussi, après avoir déposé mes affaires, nous prenons la route ensemble pour la salle des fêtes de Fontaine-le-Port, à 20 minutes de route.
 
En arrivant sur place, nous croisons d’abord William Pillas puis Pierre Zurcher et Paola Coccato.
Ça y est : la porte de ce week-end Ultra vient de s’ouvrir. Je suis dans le bain. Comme un gamin au pied du sapin, le coeur qui cogne, les yeux grand écarquillés.
 
À l’intérieur de la salle des fêtes, nous retrouvons l’organisateur, Christian Roïk, en grande conversation avec Guillaume Barascud et Michael Boch : 3 finishers de l’U2B pour nous accueillir à l’UBF ! What else ?
La bise aux copains, la joie des retrouvailles, les sourires et les anecdotes qui partent dans tous les sens… et je récupère mon dossard, ma bouteille de sirop de menthe poivrée et la balise Solusport qui permettra le suivi live de la course.
 
Nous repartons pour Champagne avec Guillaume qui va lui aussi profiter, comme moi et comme l’an passé, de l’hospitalité d’Arnaud et Claire. C’est donc l’heure de l’apéro à Champagne et d’une dégustation de bières plus surprenantes les unes que les autres, tout en restant très raisonnable, bien entendu. Je me note dans un coin de noter quelque part pour y penser plus tard – et pourquoi pas dans quelque CR à venir – de regoûter cette lorraine IPA fumée de notre brasserie porcine préférée.
 
De g. à d. : Hannah, Emma, Arnaud, Guillaume, ma pomme
 
Puis vient l’heure de la pasta, les gâteaux, le café.
Vers 23h, nous sommes déjà couchés.
 

Samedi 29 avril – Réveil !

5h pétantes. Guillaume et moi nous levons. La tête un peu dans le truc.
Comme convenu, on se contente d’un café, @Arno’s, sachant que Marie et Christian ont prévu brioche et kugelhopf pour aider les coureurs à patienter jusqu’au départ tout en complétant leur stock de glycogène.
Yop yop yop ! Une douche, un café.
Et go, go, goooo ! Here we go !
 
Vers 6h, on se gare à proximité de la petite place de Fontaine-le-Port d’où nous nous élancerons d’ici une petite heure et où nous retrouvons tout d’abord Frédéric Pettaros.
Fred et Guillaume sont inscrits sur l’UBF en duo, Fred se chargeant des premiers 100km avant de passer le relais à Guillaume, au CP5, pour les 105km restants.
Je laisse les deux compères à leurs retrouvailles et préparatifs et me dirige vers la salle des fêtes où la plupart des coureurs sont déjà bien au chaud, un café en main et la banane radieuse. Quelle joie de retrouver les copains !
 
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
Bientôt, Christian demande le silence.
C’est l’heure du briefing, doublé en anglais, comme l'an dernier, à l’intention du couple d’Israéliens – Lev Ori et Bar Shine – présent sur cette deuxième édition (NB : il y avait déjà un couple d’Israéliens sur l’UBF#1, en préparation du Spartathlon 2022).
 

7h – Le départ

A 7h pile, Christian donne le top départ.
Tout ce petit monde – 18 UBFistes solistes et Fred-le-duettiste – s’ébranle joyeusement en direction de l’arrivée de l’UBF, située 50m derrière nous, puis 100, puis 200, puis… la toute première côte nous rappelle déjà à la réalité de l’Ultra : ce n’est pas (encore) le moment de lâcher les chevaux, il reste plus de 205km à courir et il convient dès à présent de s’économiser !
 
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
Michaël et moi sommes convenus de partir ensemble à l’allure que j’ai travaillée à l’entraînement, soit entre 6’ et 6’20/km. Je suis tout content de pouvoir profiter ainsi des premiers km de course pour discuter avec lui, alors que je m’attendais à le voir prendre le départ à moins de 5’/km, comme sur le dernier U2B, le sachant capable de remporter cet UBF en moins de 20h. Mais, en ce début d’année 2023, la prépa n’est pas (encore) là et Mica n’a pas les moyens de donner la pleine mesure de son talent. L’UBF 205 sera donc un test, une sortie longue. Très longue.
 
Passée la première côte, parcourue par la plupart en marchant, on redescend aussitôt vers la Seine, traversée par un pont au bout duquel quelques marches nous amènent bientôt sur le chemin de berge, support des premiers kilomètres de l’UBF, propices à l’échauffement musculaire et aux papotages tous azimuts.
 
Mica et moi parcourons ainsi les 9 premiers km en bord de Seine, dans la brume du petit matin qui ne semble pas pressée de se lever, jusqu’à ce que la route fasse un « Z », nous imposant d’abord un angle à 150° sur la droite pour quitter le Quai des Plâtreries et grimper dans la forêt, sur environ 500m, puis le même angle à gauche pour nous remettre dans notre direction initiale, cap au Sud-Sud-Ouest, mais à bonne distance de la Seine désormais, dans une ambiance de plus en plus sylvestre et qui nous accompagnera jusqu’au Km25 (Barbizon).
 
 
Vers le 10ème km, la route bitumée laisse bientôt place à un chemin de terre qui longe la voie ferrée et nous amène, 2km plus loin, aux abords directs de la gare de Fontainebleau. Peu avant d’arriver dans cette zone urbaine, peu propice au déculottage, j’informe Mica que je vais devoir m’autoriser une pause technique. Je lui suggère de poursuivre à son rythme et de faire sa course sans m’attendre, mais il me répond qu’il va marcher et que je pourrai donc revenir sur lui tranquillement, au train. Je me gare donc en retrait du chemin, à croupetons, en haut d’un talus qui me permet de voir sans être vu. Et j’assiste au passage des 3 wagons de l’UBF qui nous suivaient de près à notre insu : d’abord Popol en solo, puis Fred et Crocsman en grande conversation.
 
 
Sitôt libéré du souvenir de mon repas de la veille, je me remets en route et retrouve bientôt Mica en train de marcher, comme annoncé, dans le premier lacet de la Route de la Reine Amélie, une section dont je lui ai vanté les mérites esthétiques un peu plus tôt, n’hésitant pas à la qualifier de « première section vosgienne » du parcours bellifontain. Nous reprenons notre petit trot et passons bientôt le deuxième et dernier lacet qui nous amène au point haut de la route, nous faisant par ailleurs revenir sur Jean-Louis et Fred, toujours en grande discussion. Popol, lui, a déjà disparu dans le lointain.
 
 
C'est donc un quatuor de gorilles dans la brume - Fred, Jean-Louis, Michaël et moi - qui débouche maintenant au bout de la Route du Calvaire, censée nous gratifier en son extrémité d'un exceptionnel point de vue sur Fontainebleau. Mais il faudra attendre demain midi pour découvrir Fontainebleau qui reste, pour l'heure, noyée dans un brouillard à couper au couteau.
 
Nous avançons bien, tout en devisant gaiement, jusqu'au Km19 où, à la sortie d'un passage sous la RN7, nous avons la surprise de nous retrouver tout à coup nez-à-nez avec Lev, Bar et Hugues !
Que pasa ? WTF ! Stupeur, tremblements, incompréhension.
 
Hugues nous explique avoir suivi, vers la gauche, la flèche bleue marquée d'un "U" mais n'avoir rapidement plus trouvé aucun balisage par la suite. Les Israéliens semblent fébriles et voudraient de toute évidence être remis sur la bonne route sans plus perdre de temps après ce jardinage inopiné. Nous avons pourtant pour la plupart, sur notre montre, la trace GPX du parcours qui nous indique de partir à droite, soit dans la direction opposée à celle indiquée par la flèche "UBF". Bizarre.
 
En y regardant de plus près, on trouve rapidement l'explication : au début de la route de droite, une flèche tracée à la peinture blanche, quasi invisible au milieu des graviers blancs, recouvre la flèche bleue originelle. C'est pour le moins surprenant. Le saboteur, qui qu'il soit, s'est donné bien du mal. Paix à son âme. Puissent les quelques minutes perdues par Lev, Bar, Hugues, Christian et Popol lui apporter un peu de joie, même mauvaise. Être et se savoir un salopard n'est pas toujours facile à vivre, sans doute, et cette vile engeance mérite assurément toute notre compassion.
 
Nous assurons Lev et Bar que "Yes, that's the good track ! Just look at my watch" et aussitôt le couple israélien repart à fond les ballons, en compagnie d'Hugues qui profite de leur belle aspiration.
 
Sur ces entrefaites, Jean-Louis qui s'était octroyé une petite pause nous rejoint et, malgré nos explications, s'embarque sur la piste de gauche. Pas bien compris pourquoi.  Peut-être le fait de courir en Crocs incite à suivre les itinéraires sabotés ? Hum... l'explication semble tirée par les lacets.
 
 
Remis de nos émotions, nous nous élançons sur la Route du Bouquet du Roi, un beau chemin de terre qui nous amène, moins de 2km plus loin, au début de la Route de la Gorge aux Néfliers, quant à elle toute bitumée, où nous attend le CP1 tenu par Irène et Stéphanie. Là, on refait les niveaux des gourdes (St-Yorre et eau/coca pour moi), puis on pioche parmi les douceurs salées et sucrées aimablement proposées à notre voracité (de mémoire, pour ma part : tuc, banane, saucisson, fromage, tagada), avant de repartir en direction de Barbizon via les très bucoliques Route de Sully et Route Marie-Thérèse, fort agréablement interdites aux véhicules à moteur.
 
Du CP1 à Barbizon (km20-km25)

CP1 - CP2

La traversée de Barbizon, village des peintres, est très agréable. Belles maisons, ateliers d'artistes, auberges accueillantes. On prendrait presque le temps de se poser/pauser subrepticement, le temps de partager le petit vin blanc qu'on boit sous les tonnelles. Mais il est bien trop tôt pour les agapes, du côté de nos gens, comme du mien d'ailleurs, pour peu que je me consulte. Certes, les organismes en mal d'hydratation incitent à trinquer nettement plus qu'à l'accoutumée, mais les libations dont il est ici question brillent plus par leur isotonicité qu'elles n'enivrent par un hypothétique caractère fermenté.
 
Au bout de la Grande Rue pavée, on tourne à gauche en direction d'Arbonne-la-Forêt. De part et d'autre de la Rue de Barbizon, ce ne sont que grandes propriétés au gazon impeccablement tondu et au portail desquelles des caméras inquisitrices scrutent nerveusement les UBFistes passant par là dont les intentions posent assurément question (Z'ont l'air louche, ces gaillards ! Qu'ont-ils donc fait de leur costard ?).
Puis, après la traversée de Macherin, les luxueuses demeures bourgeoises laissent la place aux parcs à chevaux et aux maraîchages. Le ciel reste bienveillamment couvert et la température fraîche à souhait. Un vrai temps de marathonien. Quelle chance ! Je me souviens, l'an dernier, m'être retrouvé déjà à sec à ce même endroit, à peine 5km pourtant après avoir rechargé mes gourdes (2x50cl) au premier CP, et n'avoir dû mon salut - ma réhydratation - qu'à Paola qui, garée à l'entrée d'Arbonne-la-Forêt dans l'attente de Pierre, avait gentiment remis à niveau ma nappe phréatique embarquée.
 
Fred, Michaël et moi avançons bien, autour de 6'/km, sans forcer, avec le frein à main toujours prudemment serré, les chevaux restant en vue, à proximité, sans tentation aucune de les solliciter.
Guillaume qui fait régulièrement des "sauts de puce" en voiture pour s'enquérir des attentes de son binôme nous fait un petit coucou à hauteur de Macherin. On le verra désormais plus fréquemment.
 
Barbizon - Arbonne - Soisy
 
Juste avant l'entrée d'Arbonne-la-Forêt, j'indique à mes camarades une ligne d'arbres qui délimite le champ triangulaire sur notre gauche. Il s'agit de la D409 qui traverse Arbonne et que nous arpenterons, si tout va bien, demain matin, en direction du CP9 de Fontainebleau (Lycée Couperin).
 
 
Mais pour l'heure, c'est sur notre droite que nous bifurquons à angle droit, en direction de Courances qu'on atteindra après 5km en forêt, suivis de près de 3km au milieu des champs de colza.
Mica et Fred ont pris un peu d'avance. Je temporise volontiers, profitant du centre-village de Courances et de la vue sur son Château devant lequel Hugues, ci-dessous en photo, vient de passer un peu plus tôt.
 
Photo : orga UBF

Photo : orga UBF

Je rejoins les deux compères alors qu'ils s'interrogent sur la direction à suivre. Nous sommes désormais dans Dannemois qu'on traverse dans la continuité de Courances sans vraiment percevoir le changement de municipalité pour autant. Toutefois, indépendamment du fait que ces communes voisines soient étiquetées ou non, leurs rues sont, quant à elles, tout de bleu bel et bien fléchées.
Or, ici intervient une nouveauté dans le tracé 2023 de l'UBF comme on rejoint le CP2, au km41, non plus via la très passante et peu sympatoche à trottiner D948, mais désormais par le très bucolique Chemin des Postes qui grimpe gentiment vers le ravito désiré tout à travers les vergers.
 
 
Mica, Fred et moi arrivons ensemble à ce CP2 tenu par mon frérot Arno, malheureusement seul après avoir dû amener ma fille Hannah aux urgences, au petit jour, suite à une vilaine crise d'asthme inopportune. [Apparté ON] "Pas grave, ma grande... on partagera ce job de cantinier/patrouilleur, toi et moi, cet été, sur l'U3V. Ce n'est que partie remise." [Apparté OFF]
 
Alors qu'on finit de refaire le plein des bidons, nous avons la surprise de voir arriver Popol... en provenance de la D948 et un chouïa perturbé d'avoir à nouveau un peu jardiné après sa mésaventure du Km19 qui lui a déjà coûté un bon kilomètre. J'imagine que quelques flèches de l'UBF #1 subsistaient dans Dannemois, promptes à induire en erreur tout caracoleur se fiant plus au balisage réel qu'à la trace GPX embarquée sur l'écran de sa montre à gousset. Du coup, alors que nous repartons, toujours à trois, Philippe entame seulement sa pause-ravitaillement... qui va lui faire perdre à nouveau la dizaine de minutes qu'il avait réussi à reprendre en revenant sur nous tranquillement, 20km durant.
 
Ne pas se fier au Zappa rance : c'est bien en compagnie de Fred que je cours... et non de Guillaume dont il a embarqué la balise Solustop... yop yop yop
 

CP2 - CP3

Je m'attarde au ravito, laissant Michaël et Fred prendre 200 à 300m d'avance. Popol s'y attarde également. Par contre, Julia, sûrement pas ! Sa courbe de progression, sans paliers horizontaux ou presque, aux passages aux CP, montre qu'elle est la plus économe en pauses. Elle profite ainsi du CP2 pour passer tranquillement Philippe et nous prendre en chasse.
Pendant ce temps, Mica, Fred et moi arrivons ensemble au Saut du Postillon où nous quittons la route pour attaquer la petite section de trail que Christian nous a concoctée en pensant sans doute malicieusement à "la Montagne" du Spartathlon (qui arrive, ceci dit, bien plus tard, dans le dernier quart des 246km de la Mecque de l'Ultra, alors que nous ne célébrons pour l'heure que le premier cinquième de l'UBF).
 
 
Nous profitons de ces 500m à 12% pour marcher un peu alors que, quelques minutes plus tard, Popol et Julia, sur nos talons, passeront cette bosse sans quasiment réduire leur allure.
 
 
Il faut 4km à Philippe pour reprendre Julia avant de revenir sur notre trio alors que nous entamons la descente de Mondeville à Baulne. A la Ferté-Alais, au Km53, nous atteignons l'extrémité Nord-Ouest du parcours.
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
A la faveur de la rude montée du cimetière qui conclut ce passage urbain, je laisse à nouveau Popol et Mica prendre un peu d'avance, alors que Fred se laisse également décrocher, préférant sans doute se recaler sur une allure plus "durable" et se mettre ainsi dans sa bulle. Il se fera bientôt reprendre par Julia et j'aurai alors, comme l'an dernier à ce même endroit, 2 cibles en visuel devant moi et 2 autres derrière au moment d'entamer la longue ascension en pente douce vers le km59 où un coude à droite nous relancera plein sud en direction du CP3.
 
Le Ravito du CP3, au km63, n'est plus à la sortie mais désormais à l'entrée du hameau de Marchais. Où l'on arrive cependant en courant. Là, Irène, Marie et Stéphanie sont aux petits soins. Popol n'est pas encore reparti lorsque j'arrive sur place et, alors que j'extirpe de son drop-bag mon premier t-shirt de rechange, tout en profitant d'un petit café bien mérité, Julia passe en trombe, manquant de peu de m'enrhumer, avant de disparaître derrière le premier virage du village, aspirée par la pente à 10% qui plonge les UBFistes vers le centre de Boutigny-sur-Essonne... et la section suivante.
 

CP3 - CP4

Je retrouve avec plaisir le barreau urbain Nord-Sud qui nous fait traverser Boutigny, tout à plat, tranquille pépère, comme un peu plus tôt le barreau Baulne/La Ferté-Alais, jusqu'au giratoire de sortie du bourg qui nous rebranche bientôt sur la D105, nous rendant à la verte campagne gâtinaise empreinte de fugaces réminiscences d'une Seine-et-Oise aujourd'hui oubliée.
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
Naviguant sans me presser, dans le temps pré-soixante-huitard et l'espace du Gâtinais Français, j'attaque à présent une rampe sévère en alternant course et marche, avec un ratio différent toutefois de celui adopté par Popol et Mica qui, tout là-haut, disparaissent bientôt dans le lointain.
Parvenu au sommet de la bosse, je recommence à dérouler gentiment la foulée et me régale à pouvoir courir intégralement, avec un sentiment de plénitude et de gratitude, cette longue section forestière, jusqu'à l'entrée de Milly-la-Forêt, au km72.
L'année dernière, les ennuis avaient commencé ici, le vilain coup de mou, le mental en berne, le dégoût de tout, l'égo à fleur d'épiderme. Cette fois-ci, ce premier cap est passé, avec l'aide de Cyrano sans doute, mais sans même avoir à recourir à la péninsule farouche. Pourvu qu'à la fin de l'envoi, de belle manière, enfin je touche !
 
15h15. J'entre dans Milly-la-Forêt dont la traversée, bizarrement, me laisse toujours le même souvenir, furieusement périssable, nonobstant cette fort jolie halle du XVème siècle qui nous accueille majestueusement sur la Place du Marché. L'effervescence du centre-ville milliacois me stresse et m'agace sans que je sache dire pourquoi. Hâte viscérale, sans pour autant me grouiller, de quitter ce grouillement de bipèdes, sans pour autant songer à les éviscérer. Tout à coup, la verdure et la solitude me manquent terriblement.
 
La section 74-80 arrive à point nommé pour me changer les idées. L'option choisie cette année par Christian pour relier Milly-la-Forêt et Le Vaudoué (CP4) constitue une délicieuse découverte. Passés les 2 premiers km (74-76) empruntant la Grande Rue, on poursuit ensuite, dès la sortie d'Oncy-sur-Ecole, sur une toute petite route, charmante à souhait, et qui vous donnerait bien envie, tout à trac et sans barguigner, illico pour le prochain UBF de re-signer !
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
Après la traversée d'Auvers puis de Noisy-sur-Ecole, dans une ambiance de "petites maisons dans la prairie", on rejoint enfin la très passante Route de Nemours pour un tout dernier kilomètre concluant cette 4ème section.
 
Au kilomètre 81, Arnaud est là pour m'accueillir au CP4.
Joie, félicité, soif à étancher, émue voracité.
Bien content de retrouver le frangin, ma doué !
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2

CP4 - CP5

C'est à ce CP4 que j'avais jeté l'éponge l'an dernier. Ou plutôt, j'avais tenté d'y jeter l'éponge. Mais Stéphanie qui "cantinait" là en compagnie d'Eric et Patricia m'avait interdit l'abandon d'un autoritaire "Allez ! Tu repars, Christophe ! On n'abandonne pas sur mon CP !" ne souffrant aucune discussion.
J'étais certes reparti, mais le moral en berne, la marche désormais subie, continue, sans relance trottée, si ténue fût-elle.
 
Cette année, la banane est là. En même temps que les fraises au ravito du frérot, en même temps que la niaque, l'envie, la joie de se sentir en mouvement, vivant. Et je quitte Arnaud, regonflé à bloc, en direction du CP5 qui marque la mi-course et où m'attend mon deuxième drop-bag en prévision de la nuit.
 
La traversée du Vaudoué est toujours aussi agréable, tranquille, en retrait de la route principale qu'on traverse au km82 pour se retrouver à nouveau en pleine campagne, sur une belle petite route, entre champs et forêt, avec pour seule compagnie quelques chevaux paisibles, quelques cyclistes aimables, au gré d'une progression qu'on savoure comme un cadeau. J'ai beau m'y attendre désormais, je suis toujours aussi surpris par ces champs de lavande du Sud-77 qui me ramènent invariablement à des latitudes et des souvenirs nettement plus méridionaux. Arnaud, à qui j'en parlais la veille, en marge de cette fameuse IPA fumée aux effluves pourtant peu lavandés, m'avait touché un mot de cette histoire d'amour que je ne soupçonnais pas entre Milly-la-Forêt et les plantes aromatiques, un trait d'union inattendu pour moi, mais sitôt suggéré sitôt dessiné, entre Le Vaudoué (77) et Forcalquier (04) où nos pas, voire nos foulées, nous ramènent régulièrement depuis mes études de géomètre de l'IGN entre 1995 et 1996.
 
Peu après le km86, la route amorce une courbe à gauche pour nous faire entrer dans le joli petit village de Boissy-aux-Cailles, aux maisons en pierres de grès et de chaux, très agréable à traverser. J'en profite pour marcher et dévorer tranquillement un de ces délicieux petits sandwichs préparés par Marie, l'épouse de Christian et cuisinière en chef de l'UBF, alors qu'une bonne petite bosse se présente pour sortir du village et suivre la direction de Buthiers.
 
 
Depuis Milly-la-Forêt, je tourne désormais à plus de 7min au kilo. Au fil du temps, les arrêts aux CP et surtout les (plus ou moins) courtes sections marchées augmentent encore cette durée du kilomètre parcouru. Mais on avance toujours bien.
 
 
Les 2km suivants (87-89) sont assez monotones, sur une route rectiligne, bordée à gauche comme à droite de champs de colza, jusqu'au hameau de Mainbervilliers qu'on traverse sans presque s'en apercevoir tant cet interlude s'avère fugace.
 
 

La section suivante présente plus de caractère et c'est un réel plaisir de s'enfoncer à nouveau sous les frondaisons de la verte sylve, d'abord plein Sud jusqu'à Herbeauvilliers, puis plein Ouest jusqu'à la bienvenue descente sur Buthiers où l'on retrouve bientôt les caractéristiques, déjà appréciées plus tôt dans la journée, du "barreau Nord-Sud", tout à plat, parallèlement à l'Essonne dont nous séparent à peine quelques centaines de mètres, quelques hectares de marais.

 
 
Dans Buthiers, on court d'abord 1km sur le trottoir de la D410, puis on bifurque sur la droite au lieu-dit Roncevaux où le parcours emprunte une petite route étroite, bucolique et bienvenue. Je reconnais immédiatement le passage sous ce pont ferroviaire où, l'an dernier, j'errais comme une âme en peine avant de me faire reprendre par Guillaume Barascud, Maurice Chenais, Jean-Louis Valderrama et Ludo Depoortere.
Pont ferroviaire. Km97

Pont ferroviaire. Km97

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Photo : Wikipedia
Saisi par l'émotion toute ferrovaire de ce moment, je dégaine mon téléphone et appelle Guillaume, toujours en train d'exécuter des sauts de puce en voiture quelques km derrière moi, mais que je retrouverai bientôt puisqu'il doit prendre le relais de Fred au CP5 dont je ne suis plus qu'à 3km maintenant.
Peu de temps après, je passe devant la Pierre Longue (ci-contre) qui donne son nom à la rue qu'elle domine de toute sa hauteur et, moins de 2km plus loin, au terme de 11h50 de course, j'arrive enfin au CP5, installé à proximité d'un ancien lavoir, légèrement en retrait de la longue rue arborée qui mène au Château d'Augerville.
Là m'attend à nouveau Arnaud, préposé à ce ravito de 18h à 22h, et qui m'apprend qu'Hugues a fait ici une longue pause avant de repartir en compagnie de Michaël et Philippe, quelques 25 minutes plus tôt (ce que le graphe Solustop confirme ci-dessous). De mon côté, j'ai prévu de m'octroyer une bonne pause également ici, non seulement pour récupérer, laisser descendre un peu les puls, mais également pour recharger ma montre dont je sais par expérience qu'elle ne tient "que" 30h en dépit d'une autonomie théorique de 36h annoncée par le constructeur. Je préfère en effet m'assurer de pouvoir suivre la trace GPX, sur l'écran à mon poignet, jusqu'au bout de la balade.
 
Une fois changé, rassasié, reposé, rechargé, je reprends ma route. La pause aura duré 23 minutes, no more no less. Il en faudra sans doute à nouveau une dans ce style, cette nuit, le temps d'une petite sieste réparatrice.
 
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2

CP5 - CP6

C'est donc reparti pour une seconde moitié d'UBF.
 
On franchit tout d'abord l'Essonne pour entrer dans Augerville, reprenant l'Allée des Marronniers pour aller jusqu'à son terme : la Place du Château. Un fort joli château, ma foi, qui mérite bien une photo. On quitte ensuite Augerville par la D25, cap au Sud, pour un tout petit km avant de bifurquer à gauche sur une plus petite départementale, ondulante et vallonnée à souhait, qui nous fait d'abord franchir à nouveau l'Essonne puis traverser le petit village d'Orville.
 
En passant le panneau de sortie d'Orville, je suis soudainement assailli par un sentiment que j'attendais avec un mélange d'impatience et d'appréhension, au moment de m'élancer dans la loooooongue section à suivre.
Entre Orville et Larchant, ce sont en effet 13km (104-117) d'une longue, linéaire et monotone "solitude agricole" qui attendent les coureurs, soit 3 barreaux en plein champ reliant des hameaux traversés subrepticement à la faveur du soir tombant : Orville-Fromont (104-108), Fromont-Amponville (108-112) et enfin Amponville-Larchant (112-117).
L'année dernière, Guillaume, Maurice et moi avions parcouru ces 13km intégralement de nuit en jouant à cache-cache avec Jean-Louis et Stéphanie dont les "warning" rythmaient notre progression par intermittence, clignotant devant nous, tous les 2 ou 3km, au gré des sauts de puce de Miss Lapinou veillant sur son amour de Crocsman. Cette section m'avait paru interminable et je m'effrayais par avance de peut-être revivre la même chose, seul dans le vent au milieu du colza ondulant. Mais cette année, ce fragment d'hyper-ruralité désolée sera presque intégralement diurne pour moi, de sorte que je me régale à faire le décompte des km qui me portent, à une allure certes de plus en plus modeste (on dépasse maintenant les 8'/km), de village en village, jusqu'à cette savoureuse descente en lacets qui m'amène à Larchant, alors que le soleil se couche enfin, sonnant la fin de cet épisode qu'on eut pu croire marnais à sa manière d'affirmer fièrement sa morne platitude.
Eglise illuminée de Larchant.

Eglise illuminée de Larchant.

L'entrée dans Larchant me transporte d'allégresse. Suis trop heureux d'approcher du CP de Dame Jouanne la Jouaaa-aaaaan-neuhh en si bon état physique et psychologique.
On a peau tire que Larchant ne fait pas le ponheur, je n'en mettrais pas ma truque à couper.
La vérité, je kiffe grave la traversée de ce joli petit trou paumé.
 

La nuit est noire et je progresse désormais à la lueur de ma première frontale, récupérée dans le drop-bag du CP5. La seconde m'attend au CP7. Je m'enfonce dans la forêt profonde deep in the woods lorsque, soudain, je suis pris dans le faisceau de phares inquisiteurs. C'est Marie qui quitte le CP6 en voiture, venant d'abord à ma rencontre, avant de finalement faire demi-tour pour repartir dans le sens de la course. Quant à moi, en ce samedi soir, dix heures et quart, je m'arrête bien volontiers à ce nouveau CP, tenu par Frédérique et Dominique, et où Guillaume ne tardera pas à me rejoindre.
 
 

CP6 - CP7

Or donc, alors que je recharge mes gourdes en eau et coca, Guillaume arrive à son tour au CP6, en pleine forme, après un tout premier semi-marathon, et toujours équipé de la balise Solustop de son binôme Fred qui vient de boucler son semi-UBF.
Nous quittons le poste-ravito ensemble et à une bonne allure. A l'évidence, la compagnie de Guillaume me rebooste. C'est bien pour moi, mais pas forcément pour lui que j'ai sans doute ralenti. Après quelques centaines de mètres, alors que la petite route de forêt s'élève sensiblement, nous contraignant à la marche, j'invite donc Guillaume à faire sa course à son rythme, s'il le souhaite, plutôt que de s'obliger à m'attendre et me/se traîner comme un boulet.
 
 
Mais Guillaume m'assure qu'il ne se force nullement à ralentir et que ce rythme lui convient pour l'heure. Chouette alors ! Sans doute mon allure n'a pas encore trop chu et nous allons pouvoir partager, à nouveau, mais dans de bien meilleures conditions, cette section de 20km incluant l'inteeeeeeerminable berge du Canal du Loing où l'année passée mon allure avait fini de choir pour n'être plus que de la marche continue, mon moral de déchoir jusqu'à me faire espérer quelque inopinée prise en charge en CHU... mais c'était sans compter sur la ténacité et l'amitié de Guillaume qui n'avait pas hésité à faire une croix sur sa propre course pour me permettre, Homme sait comment, de rallier Fontaine-le-Port, plus mort que vif, mais infiniment reconnaissant.
Pas question, cette fois-ci, d'imposer à Guillaume une redite de l'UBF #1. Si d'aventure mon allure baisse trop fortement, je porterai seul le poids de cette chute et me résoudrai à une camusienne fin de partie, dussé-je m'y dissoudre.
Au Km131, nous franchissons enfin ce fameux Pont sur le Loing qui à nouveau nous a paru trop loin, annonçant la longue, fraîche et humide séquence suivante : 13km "by night" sur la berge du canal.
 
Fred nous attend sur le petit parking situé juste à la sortie du pont, à l'entrée de Montcourt-Fromonville que le parcours ne nous fait plus visiter désormais, pour le plus grand bonheur des UBFistes qui accueillent avec gratitude le raccourcissement corrélatif de la section sur berge qui s'ensuit.
 
Guillaume et moi avons une revanche à prendre sur cette section nocturne que nous nous sommes promis de traverser avec la banane, la patate, la frite, la pêche, en souvenir de la séquence surréaliste que nous y avions tournée au printemps précédent, quand ces mêmes fruits et légumes ne pouvaient plus être par nous (par moi surtout) sollicités que sous la forme d'une infâme bouillie sans génie, prémâchée, avariée et très peu apte à varier. N'avions nous pas été jusqu'à "fractionner", sur 400m, "sprintant" comme des dératés, à 8' ou 9' au kilo, pour tenter de relancer la pathétique équipée !
Le Canal du Loing (131-144)

Le Canal du Loing (131-144)

Cette année, c'est donc "la revanche sur le canal". Et si l'allure s'est à nouveau quelque peu émoussée depuis le départ du CP6, passant progressivement de 7'  à 9'/km, le moral reste toutefois au beau fixe.
 

 

Au km138, alors que nous changeons de berge, nous tombons sur Michaël qui progressait seul depuis quelque temps et a préféré nous attendre, ne voyant plus de flèches après le changement de berge.
 
3km plus loin, à 1h30 du matin, nous arrivons tous les trois au CP7, à l'écluse d'Ecuelles, où Odile et Pierre nous accueillent avec un lit de camp, un café fumant qu'on écluse avidement, et un bienvenu petit chauffage portatif près duquel on veille à ne pas rester trop longtemps... ce serait un coup à ne plus repartir !
 
 

CP7 - CP8

Mon allure ayant bien baissé, et Michaël n'étant lui-même plus très frais, gêné au niveau du dos et d'un pied, nous convenons de laisser Guillaume repartir à son rythme pour reformer, Mica et moi, le duo que nous formions déjà au départ, quelque 19h plus tôt.
Mais au moment où nous quittons tous les 3 le CP7, une voiture s'engage sur le pont d'Ecuelles en faisant des appels de phare. C'est Pascal, le frère de Guillaume, qui vient courir quelques km avec son frangin, alors que nous allons bientôt quitter la berge du canal et nous retrouver dans la partie la plus urbaine du parcours.
 
 
Guillaume et son frère trottinent maintenant quelque 100m devant nous. Michaël et moi les doublons peu avant l'entrée de Moret-sur-Loing, puis Guillaume nous rejoint, seul, et nous nous retrouvons à nouveau tous les 3 pour traverser Saint-Mammès. Toutefois, Mica et moi commençons à "piocher" un peu, ce qui nous a d'ailleurs valu de nous embringuer brièvement sur un chemin de halage au lieu de suivre la route, juste avant d'être rejoints par Guillaume qui, lui, reste très frais après 45km de course.
 
 
 
A la sortie de Saint-Mammès, on emprunte un pont pour franchir la Seine et entrer dans Champagne-sur-Seine à la faveur d'un joli petit "coup de cul" à 10% qui nous voit illico passer de 8'30 à 11'/km. Puis c'est l'interminablement rectiligne Rue Grande qui nous fait traverser Champagne-sur-Seine dans toute sa longueur, soit près de 2km, sans risque aucun de réveiller, par le soubresautant faisceau de nos frontales hagardes, les quelques joyeux fêtards qui s'évertuent à partager généreusement le trop plein de décibels dont manque furieusement le centre-ville endormi, à 3h du matin.
 
"Vous z'auriez pas vu un type avec un sweat noir à capuche ?"
Ambiance un brin surréaliste. A laquelle contribue sûrement la fatigue qui nous voit évoluer désormais en zigzags désordonnés. Je me ferai d'ailleurs la réflexion, dans très peu de temps, que la sieste de 20' prévue au CP8 aurait sans doute gagné à intervenir dès le CP7, sur ce lit picot bienveillamment dressé sur la berge du Canal du Loing. Ce point là est bien consigné dans mon petit carnet en vue de l'UBF #3.
 
 
Au km148, nous passons à moins de deux encablures de la taverne @Arno's, la demeure du frérot, que ce dernier a normalement rejointe il y a peu, après son dernier CP du samedi qui devait le tenir éveillé et aux petits soins pour les UBFistes, chez Dame Jouanne, de 23h à 1h.
Puis nous contournons l'église de Champagne et nous engageons sur le pont qui nous fait à nouveau traverser la Seine avant d'entrer dans Thomery.
 
La marche est désormais quasi continue, la tête et les jambes nous refusant le moindre petit trot. Après le virage à angle droit, au centre de Thomery, on attaque un bon raidillon qui nous amène sous les frondaisons de la Forêt de Fontainebleau, à l'entrée d'une Route Ronde dont nous allons épouser les courbes successives, 12km durant, au gré des 5 monstrueux giratoires qui cassent la monotonie des longs barreaux rectilignes et nous permettent de changer progressivement, graduellement, d'orientation.
 
 
Au km150, nous entrions dans la forêt en suivant un cap sud-ouest. 12km plus tard, cap au nord-ouest, nous arrivons au CP8, tenu par Eric et Patricia, alors que le jour pointe à l'intersection de la Route Ronde et de la Route d'Orléans.
 
 
 

CP8 - CP9

Mica et moi nous affalons sur 2 chaises bienvenues. Patricia et Eric, la banane jusqu'aux oreilles, sont aux petits soins. Une soupe, un café, une assiette de pâtes. Dans cet ordre ou pas. Des petites choses qui font du bien et ravigotent : du fromage, des fraises Tagada, ..., le plein des bidons. Et nous nous octroyons enfin cette petite sieste de 20 minutes tant attendue.
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
Quand le timer sonne, on se réveille d'autant plus facilement qu'on ne s'était pas endormis vraiment. On relève et déplie la carcasse endolorie, dûment emmitouflée pour mieux affronter la fraîcheur du petit matin, puis on reprend la route en direction du lointain CP9, laissant Eric et Patricia au Carrefour de la Croix de Souvray, pour quelques heures encore, dans l'attente des camarades qui nous talonnent et approchent maintenant de la Forêt de Fontainebleau.
 
Après 600m, on quitte la Route Ronde pour s'engager sur la plus tranquille Route Forestière de la Plaine de la Haute Borne, rectiligne et monotone sur 4km avant de commencer à onduler joliment, en alti comme en plani, pour mieux nous changer les idées sans doute, nous divertissant d'une bienvenue bucolicité, entre rochers affleurant et genêts fleurissant.
 
 
Au km169, la petite route passe sous l'Autoroute du Soleil, mais nous ne restons que très brièvement à l'ouest de l'A6 et repassons bientôt à nouveau sous l'autoroute, sous le soleil exactement, pour attaquer une bonne petite côte suivie d'une jolie descente en lacets qui nous amène finalement, bieeeeeeeen plus tard, à l'entrée d'Arbonne-la-Forêt.
 
 
L'allure n'est pas folichonne. Plutôt mollassonne. L'humeur, un brin morose. J'avais vendu à Mica un 9'/km de moyenne, théoriquement envisageable à condition d'alterner course et marche. Las ! Si nous pratiquons encore une forme d'alternance, il s'agit sans doute, dans le meilleur des cas, d'un Cyrano 1/30 : 1 petite minute d'un trot souffreteux, semblant s'étirer à l'infini, bientôt suivie de 30 minutes de péripatéticienne récupération.
 
La traversée d'Arbonne nous remet les idées à l'endroit en même temps qu'elle nous oriente dans la direction de Fontainebleau qu'on doit atteindre dans 10km à peine, soit un peu moins de 2h, dans l'état dans lequel on se traîne.
 
Et 10km plus loin, nous arrivons enfin au CP9, tenu par Stéphanie qui nous fait fête et que nous sommes fort aise de trouver là, enfin, au Lycée Couperin.
 
 
 
18 minutes de pause chez Stéphanie. On ne tarde pas trop. Juste le temps de refaire les niveaux  toujours Coca/eau et St-Yorre pour ma pomme  et de se sustenter modérément (plus grand chose de solide ne passe). Et on repart... les cannes un peu raides.
UBF 205 - Ultrabellifontain #2

CP9 - CP10 (arrivée)

Après un kilomètre à se dégourdir/déraidir les gambettes, nous arrivons en trottinant sur la place Napoléon Bonaparte sur laquelle trône et tourne toujours, immuable, l'iconique manège de chevaux de bois 1900. Un selfie avec Mica - cela ne se refuse pas - dans l'alignement de l'allée du Château de Fontainebleau. Et nous voila repartis, au pas cadencé, en direction du Grand Canal autour duquel Arno et moi avions tourné ensemble, il y a bien longtemps, le temps d'un chouette Semi-Marathon de la Foulée impériale de Fontainebleau.
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
Nous quittons à présent le secteur touristique pour longer l'emmuré et peu accueillant Quartier Lariboisière, abritant une école de gendarmerie, avant d'entrer dans Avon et de passer sous les hautes arches d'un viaduc ferroviaire. On longe ensuite le Parc de Bel Ebat qui nous prépare au beau combat à suivre : au km191, un mur à 10% qu'on passe, vaille que vaille, en appuyant fortement avec les mains sur les genoux, penchés vers le sol pour aider ce dernier à nous renvoyer la poussée qui nous permettra d'atteindre bientôt le sommet de cette brève mais cruelle Butte Montceau de fin de parcours.
 
 
Au km194, nous retraversons la Seine avant d'en longer le quai, dès la sortie du Pont de Valvins, plein Nord, pleine impatience, vers Fontaine-le Port, vers la délivrance.
 
Prisé des riverains, dont certains nous dévisagent d'un air circonspect, le sourcil levé, hésitant sans doute entre amusement, stupeur et réprobation, le Quai Mallarmé s'allonge interminablement sur quelque 3km proprement bitumés avant de se transformer en une délicate sente séparant les propriétés prudemment clôturées, à main droite, et la berge engazonnée à main gauche.
 
 
Au km197, nous retrouvons le bitume et passons bientôt sous un pont ferroviaire pour nous retrouver aux prises avec la toute dernière blagounette du facétieux maître de cérémonie de l'UBF.
 
J'ai déjà touché un mot à Mica de cette ineffable et topissime saillie conclusive, de sorte que tous deux nous y attendons : au lieu-dit Grand Barbeau, alors qu'un panneau indicateur signale Fontaine-le-Port à 3km sur notre gauche, en suivant la bienvenue et prometteuse D39, nous allons pourtant devoir en parcourir 4 de plus, en empruntant la D47 qui part sur notre droite afin de rallier enfin notre port d'attache après encore quelques lacets bien sentis, quelques dernières circonvolutions semblant faire écho aux réputées circonlocutions de notre bellifontain maître à trotter de ce week-end enchanté.
 
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
Au km202, nous avons la surprise de voir Philippe - Maître Popol - arriver à notre rencontre, jovial, gaillard, en pleine forme, comme s'il n'avait pas remporté cet UBF en 24h ni couru 400km 15 jours plus tôt. Comme Popol nous l'annonce, nous quittons bientôt - enfin ! - la D47 pour nous engager sur un chemin de terre qui débouche rapidement sur une belle petite route bitumée et nous fait traverser... La Mussine.
 
Mais comment ! On n'y est pas encore ?
Dis ! C'est encore loin, Popol ?!
 
Cette fin de course semble n'en plus finir. Chaque kilomètre en vaut dix. Et voici encore une descente suivie d'une énoooorme bosse à remonter... avant d'apercevoir enfin les premières maisons de Fontaine-le-Port.
 
Michaël et Philippe m'exhortent à reprendre un petit trot que je finis par retrouver là où je l'avais laissé quelques heures plus tôt. On va tout de même finir cette balade comme il se doit : en trottant gentiment.
En arrivant à hauteur de la Salle des Fêtes, alors qu'il ne reste plus que 300m à parcourir entre la Place Pasteur et cette tant attendue arrivée (qui va sûrement nous vacciner contre l'ultra pour quelques heures), j'ai la très chouette surprise de voir Arno débouler à ma rencontre, accompagné de sa plus jeune fille, Louise, pour nous accompagner, Mica et moi, jusqu'à la ligne d'arrivée, tracée au sol à la peinture bleue.
 
On tombe dans les bras les uns des autres, à la Shiva, les bras poussant de partout sur notre passage. Accolades, effusions, sourires, félicitations...
 
Il nous aura fallu 31 heures et 18 minutes pour boucler cette bien belle boucle de l'UBF. Voila qui mérite bien une bonne mousse et un peu de repos. Christian et Arno semblent lire dans mes/nos pensées et nous indiquent un banc devant lequel trônent une glacière et un panier. On se pose, on souffle, on profite de l'instant.
 
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
UBF 205 - Ultrabellifontain #2
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UBF 205 - Ultrabellifontain #2

Epilogue

Un peu plus tard, Guillaume et moi sommes de retour à la Salle des Fêtes de Fontaine-le-Port, douchés et réhydratés, en compagnie d'Arno chez qui nous nous sommes permis une indispensable pause/sieste afin de pouvoir profiter de la soirée qui s'ensuit, concoctée et animée par Marie et Christian entourés d'une belle équipe dévouée.
Une fois de plus, Marie nous a régalés. Le buffet d'après-course justifie à lui seul qu'on revienne à l'UBF, sans aucun doute. Pour autant, je m'autorise un objectif supplémentaire : une amélioration de 4h en 2023 doit nécessairement - symétrie oblige - se traduire par une nouvelle amélioration de 3h en 2024. C'est donc la progression que je vise pour l'an prochain. Rendez-vous est pris le 14 avril 2024.
 
MERCI, Christian.
MERCI, Marie.
Et à très vite !
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