9h30 - Retour de Marieulles
Les stocks de boisson sont refaits : 2,4l à nouveau prêts à l'emploi.
C'est qu'il convient d'arroser le cent-bornard, a fortiori sous ce soleil de plomb et sur cette section grimpante, pour éviter qu'il ne se plante !
Au sortir de Marieulles, on redescend la rampe - une section de 400m à 2%, orientée Nord-Sud - dans laquelle Christophe Béthune vient de nous croiser quelques minutes plus tôt, puis on quitte ce méridien mariole afin de s'engager sur le parallèle qui nous mènera jusqu'à Verny, d'Ouest en Est, via Sillegny et Pommérieux. Olivier et Sylvain sont maintenant devant - pas très loin devant - mais je ne m'en soucie guère. La course n'a pas encore commencé et, si je gère bien mon allure, elle commencera vers le 50ème km, voire plus loin. Nous repassons bientôt sous l'autoroute et commençons à croiser les coureurs qui nous précèdent - nous arrivons au 35ème km quand eux quittent le 31ème - et dont la densité va croissant à mesure que l'écart grandit.
Les deux sections suivantes, pourtant globalement descendantes, vont faire mal.
Les puls en attestent : le cardio voit rouge. La chaleur commence à faire des dégâts ! Pourtant, le ressenti n'est pas mauvais jusqu'à présent. Sans doute le fait de partager désormais la course de chaque cent-bornard y contribue. Nous croisons et saluons amicalement de nombreux coureurs, souvent accompagnés, dans la portion boisée qui nous mène jusqu'à Sillégny. C'est l'occasion de s'encourager mutuellement.
C'est ça, le cent-bornes ! On ne vit pas de tels moments sur un
10 kil - même sur marathon, ils ne sont pas légion ! - où,
trop pressé d'en finir,
le coureur véloce endosse son plus bel habit de
finisher précoce, contribuant ainsi à bannir
des épreuves les plus populeuses et les mieux rémunérées une convivialité et une solidarité qui trouvent alors refuge dans les courses d'
ultra - 100km, 24h, 48h, courses itinérantes, ... -, dernier camp retranché pour endurants survivants d'un
noble Athlé peu débordant d'humanité.
Viens, Rodrigue ! Maintenant, viens !
Distance
Cumulée |
30 |
35 |
40 |
45 |
50 |
55 |
60 |
Temps / 5km |
24:13 |
23:04 |
23:14 |
24:30 |
25:46 |
25:29 |
25:33 |
Temps cumulé |
02:18:55 |
02:41:59 |
03:05:13 |
03:29:43 |
03:55:29 |
04:20:58 |
04:46:31 |
Pas moy |
04:51 |
04:37 |
04:39 |
04:54 |
05:09 |
05:06 |
05:07 |
D+ |
57 |
54 |
28 |
54 |
32 |
11 |
47 |
D- |
29 |
56 |
67 |
12 |
24 |
44 |
24 |
FCmoy |
136 |
141 |
141 |
143 |
137 |
137 |
141 |
Peu après le Km 38, on retrouve le ravito de Sillégny, toujours sur cette même place de village où, d'aussi près qu'on y regarde, nul cyprès ne saurait pousser. Là, alors que je m'arrose et que Nathalie se restaure, nous sommes soudain apostrophés par Dom, l'accompagnateur de Nono, qui me shoote illégalement, facétieusement, en pleine séance de sauna improvisée, pendant que son coureur me croise à hauteur du ravito. Bonne course, les gars ! A tout à l'heure ! Ma foi, si cette photo dit vrai, on a plutôt l'air de s'amuser !
Passage au marathon : 3h16
Presque rafraîchis, nous quittons maintenant Sillégny pour reprendre la longue ligne droite arborée menant au pont sur la Seille, toujours de bleu rambardé, afin d'éviter qu'ici se transforment en noyés les auteurs d'embardées motorisées. Vient ensuite la remontée en pente douce, tout en, larges courbes, pour entrer dans Pommérieux dont on ressort presque aussitôt en plongeant à pic sur le cours d'eau qui s'étire paresseusement en contrebas du village, à la cote 180. De là, on repartira patiemment pour grimper progressivement, d'environ 20m, à découvert sur 1,5km, jusqu'à l'entrée de Pommérieux-gare, lieu du passage au marathon. Nathalie envoie un texto au groupe "100km" de son portable, préparé ensemble la veille, pour annoncer un premier marathon en 3h16. On est dans les temps. C'est tout bon.
La traversée de Pommérieux-gare, puis de Verny par la rue de la gare me fait le même effet qu'à l'aller : vivement qu'on quitte cette section ! C'est bientôt chose faite puisqu'il faut maintenant gravir la rue du château jusqu'au carrefour où nous ne reprendrons pas la rue des Fontenotes empruntée à l'aller - celle-ci est en sens interdit ; ce serait trop bête de se faire verbaliser aujourd'hui - mais la rue d'Orceval qui nous ramène bientôt au ravito des Km 22 et 44, lieu des premier et deuxième passages de relais. Les encouragements sont aussi fournis qu'à l'aller et font du bien.
Nous nous élançons sur la voie piétonne menant, au bout de 400m, au parking du Groupe fortifié de l'Aisne qu'on laisse sur notre gauche pour grimper jusqu'au carrefour permettant de traverser la très passante D913. Puis on s'engage sur la route d'accès à la Voie Verte du Vernois en passant le Km 45 en 3h30. Je continue mes petits calculs : 2x45+10=100 ; 2x3h30+50'=7h50 ! Roule, ma poule ! Ca va le faire !
Il y a juste un petit détail qui me fait tiquer : les puls qui devraient être autour de 134/135 gravitent maintenant autour de 143. L'allure, quant à elle, est passée sous les 4'50/km mais cela semble normal, étant donné le dénivelé positif (D+) de cette section, nettement supérieur à son D-, comme un peu plus tôt pour la section 6 (25km/30km).
L'entrée de la voie verte se fait en descente, avec quelques sections pavées, mais sans ombre... les arbres qui bordent la voie n'étant pas suffisamment hauts. Nous croisons quelques joggers du dimanche que nous saluons. J'ai, pour la première fois, la sensation de ne plus être tout à fait à l'aise mais déjà un petit peu à la peine. Et quand nous arrivons enfin à l'ombre, c'est pour attaquer un bon raidillon à 3% qui me pousse à raccourcir la foulée, sans pour autant augmenter sa fréquence, afin de m'économiser. L'allure chute bientôt sous les 12km/h.
Alors que nous approchons du 50ème km, passage symbolique s'il en est, je reconnais Laurent Léger à quelques encablures devant nous, à peu près là où il m'avait passé à l'aller. Son allure n'est plus du tout la même. Comme nous le dépassons, juste avant le ravito du Bois de l'Hôpital, je tente de l'encourager en l'assurant que "ça va revenir" - ça revient toujours ! Il m'apprendra plus tard (NDLR-magot : hier) qu'il a rendu son dossard aux bénévoles du 57ème km.
Passage à mi-course : 3h56
Pas besoin de calculer longtemps : le matelas de sécurité - environ 10 minutes en début de course - s'est prestement dégonflé, insidieusement, me laissant reposer désormais à même le sol et pas vraiment en paix, juste à l'entame de cette section de chemin caillouteux qui introduit le second cinquante-bornes. A ce stade, je devrais être serein encore, dans un mélange de
voyage intérieur tout en
zénitude introspective et de
chevauchée fantastique tout en puissance retenue, la mi-temps n'étant certes pas le bon moment pour lâcher les chevaux. Au lieu de cela, je commence à peiner, à perdre de l'énergie, en cherchant seulement à maintenir un
petit train, bien plus lent que celui prévu.
Tchou, tchou ! Nathalie et moi nous enfonçons dans les bois pour une deuxième mi-temps à la tonalité incertaine.
C'est décidé : ce kilomètre de chemin caillouteux qui tangente l'Etang Peigneux ne sera pas repris lors de la prochaine édition. A vrai dire, cela était déjà programmé, l'utilisation de cette section constituant un pis-aller imposé par une manifestation occupant toute l'artère principale de Peltre. Un changement de date nous permettra de traverser Peltre de bout en bout, mais également de parcourir la Voie Verte du Vernois dans son intégralité. On fera ainsi d'un caillou deux coups.
Nathalie est particulièrement impatiente de quitter le chemin pierreux, non pour se retrouver à découvert et commencer à se muer en homard
- une métamorphose qui atteindra son climax peu avant 16h, au terminus Thermidor - mais parce que les cahots lui imposent une concentration de chaque instant et une certaine crispation sur la selle et le guidon. Dans le petit panier, les bidons qui étaient
jusque là restés bien sagement à leur place, coincés entre la galette et le petit pot de beurre, la casquette et les carrés de serviette éponge, bringuebalent à présent, comme possédés par
la danse de Saint Guy. Enfin nous débouchons sur la route de Chesny qui va nous permettre de rejoindre la zone artisanale de Peltre au Km 53.
A l'entrée de Peltre, les bénévoles qui tiennent le poste de ravitaillement nous encouragent. Parmi eux se trouve Didier Krebs qui était inscrit sur le 100km et avait participé aux deux reconnaissances organisées en mars, avant de se blesser peu de temps avant l'échéance et d'offrir son aide comme bénévole. Merci encore, Didier !
Distance
Cumulée |
50 |
55 |
60 |
65 |
70 |
Temps / 5km |
25:46 |
25:29 |
25:33 |
27:10 |
33:10 |
Temps cumulé |
03:55:29 |
04:20:58 |
04:46:31 |
05:13:41 |
05:46:51 |
Pas moy |
05:09 |
05:06 |
05:07 |
05:26 |
06:38 |
D+ |
32 |
11 |
47 |
32 |
8 |
D- |
24 |
44 |
24 |
29 |
6 |
FCmoy |
137 |
137 |
141 |
137 |
120 |
Boosté par ces encouragements, je retrouve un peu de jus et m'engage sur la piste cyclable qui longe les parcs à chevaux. Après un premier coude à gauche, le champ visuel s'élargit et je réalise que nous sommes sur les talons d'Emmanuel Vincent, lancé comme moi à la poursuite du titre régional, mais, contrairement à moi, avec un reste de périostite tibiale. Je lève volontairement le pied afin de conserver un écart constant. Nous quittons bientôt la piste cyclable, passons sous la voie rapide en longeant la voie ferrée et retrouvons la route de Jury après un bon petit raidillon pour nous extraire de sous le pont. Arrivé sur la route, je note que Sylvain est là également, juste devant Emmanuel. Nous voila tous les 3 dans un mouchoir de poche, à l'approche du 55ème km, passé en 4h21.
La section suivante - 1,5km de piste cyclable - est à gérer prudemment. Nous allons longer la voie ferrée en plein soleil et revenir sur Frontigny - porte du FSE, fleurant bon le haricot déjà - au terme d'une belle bosse de 350m à plus de 3%. Dans la côte, bien qu'ayant considérablement réduit et l'amplitude et la fréquence de ma foulée, je reviens progressivement sur Emmanuel Vincent. Je m'apprête à le passer quand un vacarme me fait piler net : Nathalie vient de tomber. Elle était en train d'envoyer, par sms, mon temps de passage au Km 55 en tenant son guidon d'une main et son portable de l'autre. Un des deux lui a échappé. Puis le deuxième également. Le portable gît face contre terre, mais Nathalie ne s'est pas fait mal et remonte aussitôt en selle. Nous repartons gentiment et quittons la piste cyclable pour entrer dans Frontigny, en doublant Emmanuel Vincent et son accompagnateur. Dès le début de la descente, nous bifurquons à droite pour traverser le lotissement du Colombé et nous retrouver, au Km 57, sur le tracé de la petite boucle de 6km dont nous allons parcourir les 5/6, lancés à la poursuite de Sylvain mais sans pour autant gonfler l'allure qu'il convient de stabiliser.
Il est midi, Mécleuves s'éveille
Au panneau d'entrée dans Mécleuves, nous avons la surprise d'être interpelés et photographiés par Daniel Freis, du JAC St-Nicolas, venu en voisin, en ami, en touriste, en photographe... et peut-être également en reconnaissance, étant lui aussi cent-bornard à ses moments perdus.
A coup sûr, Dan ne ratera pas - il mitraillera, bien au contraire - les deux compères, Nono et Dom5, qui arriveront bientôt dans son objectif : Bruno Rota (dossard 51) et son accompagnateur à vélo, Dominique Larchevêque.
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5 A l'été 2010, Dom nous avait accompagnés à vélo, de Remiremont à Vagney, sur une étape vosgienne de la Circumlorraine. De cette chouette balade partagée il nous reste de beaux souvenirs et quelques traces écrites par moi ou par Marion.
Salut, Dan ! Et merci pour cette photo :-D
En attendant, Nathalie et moi passons le Km 60 en 4h47.
Dans la longue ligne droite qui nous fait pénétrer dans Mécleuves, Nathalie envoie son petit texto périodique, déclenchant une rafale de retours amicaux et chaleureux. Ces encouragements me font beaucoup de bien, même si je sais que, comme moi, Emmanuel, Olivier, Marie et d'autres ont sans doute effectué le rapide calcul mental confirmant que les moins de 8h ne seront pas encore pour cette fois-ci.
Midi sonne au clocher de Mécleuves alors que nous traversons le village en direction de Lanceumont. Olivier nous a précédés de peu dans la cuvette du 61ème km. Sylvain, lui, est en vue. et son arrêt au ravito du Km 62 - dans la boucle dite du haricot - aura pour effet de nous faire émerger ensemble de ce passage au stand, lancés pour un deuxième aller-retour de 32km, entre Lanceumont et Landonvillers.
Olivier nous a précédés de peu dans la cuvette du 61ème km. Sylvain, lui, est en vue...
A la sortie du magique haricot, me voici donc sur les talons de Sylvain, à prier Belenos que le contenu gluco-fructo-truco-maltodextriné de mes bidons ait sur moi l'effet de la magique potion. Et je ris intérieurement - mais alors... très profondément, hein... parce que vu de l'extérieur, à mon avis... - de ce que mon accoutrement semble nous faire rejouer, en comité très restreint, quelque version amicale de la Guerre des Gaules. En effet, de bonne heure ce matin-là - mais ça, c'était avant ! - nous discutions de choses et d'autres quand Sylvain m'apprit qu'il travaillait chez Le Coq Gaulois. Or, à cette heure-ci, afin de tenter de me rafraîchir la caboche, j'ai un carré de serviette-éponge imbibé posé sur le crâne, sous la casquette, avec une pointe dépassant dans la nuque et deux autres couvrant les oreilles, ce qui me donne - avec un peu/beaucoup d'imagination - l'allure d'un soldat romain et annonce sans doute - c'est moins drôle - la suite de mes aventures, puisque je ne vais pas tarder à casquer.
Nous remontons maintenant à un rythme de sénateur la rampe que nous avions dévalée cinq heures plus tôt. L'inversion de la pente ne saurait être la cause principale de ce ralentissement, pas plus que d'imaginaires bouchons dont quelque foireux Diafoirus de banlieue pourrait toujours nous guérir - croyez-moi, on vous apprendra, au Rectorat, comment recta faire les CLIS taire - avant de nous remettre sur la voie, sans nous couper la tête mais en nous rendant nos jambes.
Je laisse Sylvain reprendre de l'avance, son allure étant nettement supérieure à la mienne. Dans la nouvelle rampe qui mène à Courcelles-sur-Nied, à l'entrée du virage qui nous fait passer au-dessus de la voie ferrée, je marche pour la première fois. Quelques foulées seulement. Besoin de reprendre mon souffle. Besoin de fraîcheur. J'aimerais savoir remplacer ce besoin-là, impérieux, par une envie de courir qui commence à faire défaut... mais de lointaines références me hèlent depuis le désert où elles patrouillent en hélico et bientôt l'enlèvement de Sabine m'interdit tout-de-go - du gaulois *gobbo, « bec, bouche » - le tour de passe-passe espéré et ma voix s'éraille et ma voie déraille et mon épouse s'inquiète de ce que ma course ne soit plus si quiète. Ah, Chimène...
La traversée de Courcelles-sur-Nied se fait dans un état second, bien qu'il ne s'agisse que de l'aller. C'est donc dans un tiers état que tout à l'heure je repasserai par là. Nous traversons la Rue de Metz pour prendre immédiatement, et presque en face, celle de la Nied qui nous amène au début de la Voie Verte du Pays de Pange et au ravito du Km 66 où je prends le temps de m'arroser copieusement le visage, les bras, les cuisses.
La section qui suit ne présente aucune difficulté technique. Nous venons de nous engager sur le tracé d'une ancienne voie ferrée, quasiment horizontale, et le dénivelé des 24 prochains kilomètres - 12km aller, 12km retour - sera de ce fait négligeable, à l'exception du demi-tour effectué au pied du château de Landonvillers. C'est pourtant là que je reçois le coup de massue qui manque mettre un terme précoce à cette aventure.
Entre le Km 67 et le Km 68, peinant à soutenir une allure pourtant bien modeste, je dois finalement m'arrêter, hagard. Continuer ? Arrêter ? Je ne sais plus ce que je dois faire. Nathalie est un peu désemparée. Elle ira jusqu'à me dire que j'ai le droit d'abandonner. Avec le recul, je mesure l'inquiétude qui a dû être la sienne pour lui inspirer pareille suggestion. Je la mesure plus précisément encore en me remémorant que j'ai fait plus qu'envisager cette option-là : pendant quelques secondes, j'ai baissé les bras, jeté l'éponge. C'est sans doute ce qui m'a réveillé. En sursaut. Un sursaut faiblard, certes, mais salutaire. L'abandon n'est jamais chose aisée, mais cette fois-ci, pour des raisons diverses - pincipalement parce que nos racines sont dans nos branchages et que sans elles nous ne serions rien ni personne -, il est tout bonnement impossible, impensable.
Alors, on repart, aussi vaillamment que possible, pour un 69
ème kilomètre semi-halluciné
- 69, Km héroïque - pendant lequel, aidé par Nathalie qui me presse et m'enveloppe de paroles aimantes
6, je reviens à la réalité, pompant sans vergogne dans les différents bidons dont mon accompagnatrice a récemment refait le plein.
La micro-pause qu'on s'autorise à Pange, au point de ravitaillement du 70ème km, achève de me ressourcer et de me révéler la nature de l'épisode que nous venons de traverser, quand un arrosage généralisé - z'auriez pas un éléphant bleu, siouplait !? - et un gobelet de Coca descendu cul-sec me remettent illico sur les rails, reboosté comme jamais, paré à repartir sur une allure d'occasion, rechapée, mais déjà plus alerte que le tortillard soutenu sur ce 69ème km : je viens de réchapper, avant que d'être rechapé, à un début d'insolation doublé d'une belle hypoglycémie (ma réaction au Coca ne laisse aucun doute à cet égard) et n'ai rien vu venir !
Si j'avais encore quelque hésitation sur la décision à prendre, en me figurant les 30km restant à parcourir, Clare et Sarah qui officient au ravito de Pange, lèvent mes derniers doutes par leurs encouragements et l'enthousiasme dont elles débordent ! Et Nathalie et moi repartons regonflés à bloc.
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6 Rien de tel ni de plus classique pour revigorer le guerrier romantique qui en tout cent-bornard sommeille et lui rendre son allant, sa fierté, son honneur, ses papiers.
Le profil cardio en W en atteste : j'ai été méchamment à l'Ouest :-(
La section suivante - de Pange à Landonvillers via Courcelles-Chaussy -, je la connais par coeur pour l'avoir copieusement arpentée au cours des 9 dernières semaines, d'abord en solitaire, puis avec Nathalie à vélo à mesure que les sorties longues s'allongeaient.
Nous quittons le point central de Pange et son ravitaillement sis sur la placette de la mairie pour reprendre la voie verte dont les 2 premiers kilomètres sont bitumés.
Nous n'avons pas fait 200m qu'au loin nous distinguons confusément - pour mémoire : je recouvre seulement, progressivement, mes sens égarés - une forme noire se dirigeant vers nous. Encore 20m et les choses/formes se précisent quand nous croisons Eric Thomas - dossard 203E et éminence haute en couleur des locales Foulées de Tom - qui surgit hors de ma nuit et nous salue de la pointe de l'épée, lancé à vive allure vers le FSE et la victoire de l'équipe 203 : Les Foulées de Tom 1.
Encore environ 1h de course pour toi, Eric.
Un peu plus pour nous.
L'arrivée d'Eric Thomas et la victoire de l'équipe "Les Foulées de Tom 1"
Dans le large coude à droite qui suit et nous fait reprendre une direction Ouest-Est, le bitume cède momentanément la place à du gravier concassé blanc-jaune. Je profite de ce coude aux allures de virage relevé pour me refaire un peu la cerise, comme à l'entrainement, et retrouve bientôt une allure proche de 5'/km (12km/h). Ca fait du bien. Ca décrasse les gambettes et les idées. On y voit tout de suite plus clair - d'ailleurs, on demande, dans la foulée, à s'hydrater - et on voit, en l'occurrence, qu'il reste un bon bout de chemin à faire !
Au Km 72
- Panic in Detroit VS Pangéenne Sérénité - nous retrouvons le sol de concassé blanc en entamant une section d'1km bordée de hauts feuillus qui apportent une fraîcheur attendue et fort appréciée. Puis, juste après être passés sur la Nied et avoir salué des randonneurs surpris en plein pique-nique, profitant de quelques tables installées là à cet effet, nous croisons le chemin d'accès au village de Chevillon que nous laissons sur notre droite pour poursuivre,
toujours droit devant nous, sur
notre voie verte. Celle-ci propose maintenant une longue section, rectiligne, horizontale et à découvert, avec un coup d'oeil possible
- l'aurez-vous eu ? - sur le
Chateau d'Urville, à gauche, sis dans l'enceinte du lycée agricole de Pont-à-Chaussy. Ladite section prend fin quand on arrive à une scierie annonçant le retour à la civilisation et l'arrivée à Courcelles-Chaussy. On emprunte alors la petite
Route de la scierie, tournicotant d'abord entre les vergers avant d'entrer dans le début de la
ZAC St-Jean, pour arriver enfin à un giratoire qui nous fait traverser l'ex-N3 (Metz-Saint-Avold) et nous propulse sur la toute dernière section de 4km, après un bénéfique passage au stand de ravitaillement du Km 74, tenu par des bénévoles du club
Courir à Courcelles-Chaussy7.
___________________________________________________________________________
7 Le CCC organise chaque année, début septembre, une Course des Sangliers dont les 4 premiers km sont ceux qu'il nous reste maintenant à parcourir avant de faire demi-tour à Landonvillers pour repartir vers le FSE de Lanceumont.
Distance
Cumulée |
70 |
75 |
80 |
85 |
90 |
95 |
100,4 |
Temps / 5km |
33:10 |
29:04 |
28:03 |
28:53 |
30:09 |
28:57 |
29:33 |
Temps cumulé |
05:46:51 |
06:15:55 |
06:43:58 |
07:12:51 |
07:43:00 |
08:11:57 |
08:41:30 |
Pas moy |
06:38 |
05:49 |
05:37 |
05:47 |
06:02 |
05:47 |
05:28 |
D+ |
8 |
13 |
23 |
15 |
12 |
29 |
48 |
D- |
6 |
16 |
28 |
7 |
16 |
35 |
30 |
FCmoy |
120 |
128 |
131 |
128 |
123 |
125 |
- |
13h15 - Dernière part de quatre-quarts
Je m'arrose à nouveau copieusement, en prenant mon temps, au ravito de Courcelles-Chaussy. J'enlève la montre pour plonger les avant-bras dans la poubelle remplie d'eau froide. J'arrose les cuisses, la nuque et tout ce qui peut décemment être arrosé en public. Il faut, coûte que coûte, refroidir la machine dont la température inexorablement croît, alors que l'astre diurne, au zénith, nous gratifie d'un chaud show, gratiné à souhait, gratinant nos corps brûlants, et qu'un quart de notre course reste à faire jusqu'à l'arrivée à Lanceumont, quand la moitié de la sienne l'occupera encore - à décliner lentement, trop lentement -, jusqu'à se coucher enfin à l'horizon.
Depuis quelque temps déjà, à l'approche du 75ème km, je calcule - comme plus tôt ce matin en approchant du 30ème - à quel endroit nous devrions croiser Christophe Béthune. C'est chose faite au moment où nous quittons la ZAC St-Jean pour retrouver la quiétude de la voie verte, lorsque cette appellation redevient légitime, nul fragment de béton ou trace d'activité humaine ne souillant plus notre environnement immédiat. Christophe a donc désormais entre 6 et 7km d'avance sur moi. Et entre lui et moi se trouvent Olivier et Sylvain qui ont creusé un écart dont je n'ai pour l'instant aucune idée mais que je vais bientôt pouvoir mesurer.
La tranche "75-80" me voit reprendre du poil de la bête. Sans doute un clin d'oeil inconscient à cet instant magique autant qu'éphémère qui nous avait fait croiser la trajectoire d'un marcassin, au même endroit, lors d'une de nos sorties longues préparatoires. Passé le premier moment d'attendrissement et de flottement, nous avions sans tarder profité de l'allée royale - la voie verte - devant nous déployée pour allonger la foulée et tâcher d'éviter la laie furibarde susceptible d'émerger des mêmes fourrés.
5'37 au kilo... Dans l'absolu - mon "absolu"... très théorique, très personnel, très relatif... un comble ! bien qu'on soit plutôt à la cave présentement -, c'est une minute de trop, soit 5 minutes perdues par tranche de 5km. Pas de quoi pavoiser par conséquent. Mais j'ai pourtant la sensation de revenir un peu dans la course. Sans doute le fait d'avoir croisé et encouragé le premier n'y est pas étranger.
Nous allons maintenant pouvoir mesurer les écarts avec le second et le troisième.
Comme prévu, c'est Olivier que nous croisons tout d'abord, au début de la longue courbe du 77ème km qui nous conduit vers le ravito et rendez-vous parental. Il a donc 4km d'avance sur nous. Wow ! Rétrospectivement, je réalise l'ampleur du coup de mou d'il y a dix bornes... avant de relativiser ce point de vue par trop négatif : l'accroissement de l'écart avec Olivier tient sans doute à ma baisse de régime mais également à sa propre course ; or je le sais capable d'avoir maintenu voire augmenté l'allure depuis le passage au FSE au Km 62. Il n'est pas dit, par contre, que Sylvain, coureur rompu à des distances plus courtes, ait pu gérer ces 15 dernières bornes avec une telle maestria. Nous allons bientôt savoir cela.
Deuxième demi-tour - Deuxième boucle
13h30 - Demi-tour à Landonvillers
Km 77 : nous arrivons au point de ravitaillement tenu par mes parents et par Françoise. Je suis bien entendu encouragé comme il se doit et on m'informe que le troisième vient juste de passer. De fait, nous ne le croiserons pas, puisque comme dans le demi-tour de Marieulles, 44km plus tôt - Where were you in 77 ? D'où débarquez-vous en ce lendemain de 6 juin ? Montrez patte blanche et dites 33, que nul doute ne subsiste ! -, nous jouons à nouveau au chat et à la souris, ne pouvant dans cette boucle longue d'1km dire qui nous précède ni qui nous suit. Sylvain et moi adaptons l'intitulé de l'exercice pour jouer au (romain) renard et au (gaulois) poulet. Mais Sylvain ne perd plus guère de temps à picorer aux ravitos - j'aurais dû être plus prévoyant et demander à mes parents de semer là, devant leur stand, un peu de blé dur sur quelque bout de mur - et quant à moi, je n'arbore pas précisément la fière allure du goupil quand, au sortir de la boucle et repassant devant ce même ravito, mon père me demande comment ça se goupille... Au contraire, je viens d'avoir un nouveau petit passage à vide qui m'a fait boucler ladite boucle dans un état second, bien qu'en quatrième position. Si je me rappelle avoir réduit la foulée dans la montée au château, à l'ombre des tilleuls-menthe, puis échangé quelques mots avec mon frère, posté au pied du Château de Landonvillers pour signaler le changement de direction et pointer le passage des coureurs, je n'ai par contre aucun souvenir d'avoir été encouragé ni d'avoir répondu à Pascal et Dédé qui donnaient pourtant de la voix quelque 200m plus bas, là où ils avaient pour mission de faire ralentir les voitures arrivant à pleine vitesse en provenance de Courcelles-Chaussy. Il y a des moments, comme celui-là, où les jambes courent seules. Cette fois-ci, le réveil s'effectue donc au bout de la boucle, d'abord dans le premier virage à angle droit, dans lequel Arnaud m'encourage sans se ménager, puis dans le deuxième où je suis rejoint par Olivier Sanson qui court sur quelques hectomètres à mes côtés, accompagné par mon fils, Elias, et par sa fille, Clara. J'ai plaisir à partager ainsi cette descente de l'Allée du Château, en pente douce et en famille. Ca me rebooste pour la suite.
De retour au ravito du 77/78ème, je suis à nouveau prêt à en découdre, exhorté par ma petite famille à qui je donne rendez-vous au FSE de Lanceumont. Allez ! Ca sent l'écurie désormais ! C'est juste l'affaire d'un gros semi-marathon, un sprint mou en radada, guidé par le pilote automatique à
foulée mécanique.
Un dernier "semi" balisé par les 4 derniers ravitos des Km 82, 86, 90 et 94
Nous allons donc maintenant, comme ce matin
- 4h plus tôt - après le demi-tour de Marieulles, croiser tous les concurrents encore en lice. Tous ? Non ! Car un cent-bornard s'est engagé sur mes talons et à mon insu dans la
landonvillienne bouclette du 78
ème km :
Tarique SHAKIR-KHALIL (dossard 113), affichant des références
8 qui m'avaient fait enregistrer ce nom-là dans une case
- elle s'était refermée depuis, mais s'ouvrira bientôt d'elle-même, laissant Tarique jaillir tel un diable hors de sa boîte -, va faire une fin de course magnifique, p
oursuivant sa remontée inexorable, galopant crescendo dans un finale époustouflant. Mais... nous n'en sommes pas encore là !
Dans l'immédiat, le p'tit-gars-Magoo (dossard 11, born on 9/11/71) vient de s'engager sur le retour de Landonvillers, s'amusant au passage
- et vous trouvez ça drôle ?9- de ce que la fusion des anciennes communes de
Landonvillers et Courcelles-Chaussy date de 1972, coïncidant avec la première édition des
100km de Millau, et imposant par conséquent
- si on veut / pourquoi pas - que notre
100km de Lorraine rejoue ce trait d'union en utilisant l'intégralité de la
Voie Verte du Pays de Pange.
La section entre les Km 78 et 82 nous ramène paisiblement, à un train de
sénateur10, au ravitaillement de Courcelles-Chaussy. Là, fidèle au protocole improvisé au Km70 et adopté depuis, je descends un gobelet de
Coca11 et
repars de plus belle, à une allure toujours faiblarde, certes, mais le moral à nouveau gonflé à bloc.
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8 Deux marathons récents en 2h48 et 2h51, Comrades en 7h27, Saintélyon en 7h47, Iron Man de Nice, ...
9 Pas la patience d'aller jusqu'au bout du bide ? C'est vraiment dommage. Mais, bon... Je comprends. Question de génération. La chute est ici (sans convoquer Pete Townshend).
10 Après le Clash du 49-3, asséné au Km 70 par un Roi Soleil hégémonique, on maintient désormais les débats à hauteur de 5'45/km, par précaution, par discipline, et surtout parce qu'on ne peut plus guère mieux faire.
11 Le "Coca" s'avère être du "Cora-Cola" en réalité. Pour la prochaine édition, on gagnera à utiliser l'original plutôt que la copie. Ceci est plus flagrant encore concernant l'eau minérale gazeuse, puisque la St-Pierre proposée aux ravitos ne contient que le quart du sodium fourni par la plus classique St-Yorre, à volume équivalent.
Hé... quand je parlais de "montée" au château...
Km 82 à 86 : à défaut de ressort, des oscillations...
Pendant un court moment, dans la longue ligne droite à découvert qui débute à la scierie/sortie de Courcelles-Chaussy, j'ai l'impression de pouvoir revenir sur Sylvain que j'aperçois environ 500m devant. Mais je le perdrai bientôt de vue, à la faveur d'un passage surélévé au-dessus de la Nied et des courbes successives de la voie verte jusqu'à Pange. Sylvain m'avouera par la suite (à l'arrivée) s'être rendu compte que je revenais et avoir alors réussi à pousser la machine à 4'40/km, ce que je suis bien incapable d'aller chercher à ce moment-là. Au passage de la Nied, je relève le nez... plus de Sylvain ! Ca me met un petit coup au moral et l'allure en prend un coup également. En arrivant à Peltre - @ Clare & Sarah's - le pas moyen est passé de 5'37 à 5'47 au kilo, malgré la relance de début de section. Je suis donc en chute libre, tel une maison Usher soixante-huitarde. Mais ce finish m'est cher et d'arriver me tarde.
Km 86 à 90 : de St-Rome à St-Georges
Passé le ravito du 86ème, toujours aussi nourri en encouragements de la part de Clare et Sarah, nous retrouvons l'allée ombragée qui longe le parc du Château de Pange. Cette section reliant Pange et Courcelles-sur-Nied s'avèrera paradoxalement la plus casse-pattes du parcours, bien qu'une des plus plates également. C'est là qu'à l'aller beaucoup ont craqué - Olivier et Tarique m'avoueront avoir eu un coup de mou eux aussi vers le 66/67ème - et qu'au retour je suis à nouveau en train de gentiment sombrer. Oh, ce n'est pas le Titanic. Je suis juste à genoux dans la pataugeoire du petit bain, avec les petits enfants qui me dévisagent, mi-perplexes, mi-rigolards, mi-inquiets... notamment de cette triple moitié qui nous fait déborder l'unité et navre ces taupins de bambins qui bientôt quitteront Mat'Sup pour intégrer quelque avenant CP.
Précisément, le
CP du Km 90 approche alors que le clocher de Courcelles-sur-Nied se découpe dans le ciel bleu de plomb, au bout d'une longue courbe à gauche et à découvert, à l'issue de laquelle nous retrouverons un peu de verdure et de fraîcheur. Mais est-ce vraiment Courcelles-sur-Nied qu'on aperçoit là-bas ? N'aurait-t-on pas imprudemment, incidemment, involontairement
- et je me demande bien comment -, ouvert une brèche dans l'espace-temps qui nous aurait transportés à St-Georges-de-Luzençon ? La question se pose tant est frappante
la ressemblance entres ces deux sections : la mosellane "Pange/Courcelles" et sa grand-tante aveyronnaise "
St-Georges/St-Rome". En effet, qu'on se lance sur les 100km de Mécleuves ou sur ceux de Millau, c'est à coup sûr LA section dont on se méfiera le moins, celle dont on profitera - pense-t-on - pour dérouler la foulée, dégourdir les papattes et se refaire la cerise... avant qu'elle vous plombe traîtreusement, sans l'air d'y toucher, vous laissant sur le carreau tel une part entamée de clafoutis dénoyauté.
Et vous trouvez ça drôle ? Non ! Mais on va s'accrocher.
Sur ces belles pensées et alors que je plonge avidement la trompe dans la poubelle emplie d'eau de l'oasis courcellienne, atteinte péniblement d'un pas encore ralentissant, nous sommes doublés par un bolide blanc étincelant, accompagné d'un cycliste en qui je reconnais immédiatement Sébastien Albert12. Je suis un peu surpris car Sébastien accompagnait initialement Jacky Corbillon que je ne reconnais pas dans le coureur qui vient de nous rattraper. Séb m'expliquera après coup que Jacky ayant dû mettre le clignottant à mi parcours, il a alors proposé à Tarique, parti en solo, de l'accompagner jusqu'au bout - c'est ça le cent-bornes !
Tarique me gratifie d'un large sourire et me lance "on va chercher le troisième ?"
J'voudrais bien... mais le bon sens populaire d'Annie Cordy me revient
- ce que corps dit, curé nie - qui m'interdit de prendre part à la chevauchée fantastique amicalement proposée par ce grand gaillard, étonamment frais après 90 bornes en plein cagnard. Je dois donc avouer à Tarique que
je vais finir tranquillement, ne me sentant pas capable de le suivre. Dans la foulée, le
Chevalier Blanc repart au galop, me faisant une grosse impression, confirmée a posteriori par
les résultats : Tarique finira en 3
ème position, nous prenant à Sylvain et moi-même respectivement 4'15 et 6'15.
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12 La brèche dans l'espace-temps est toujours ouverte : à Millau, en 2011, Sébastien m'avait précisément ramassé juste après cette damnée section "St-Georges/St-Rome", alors que nous entamions la montée à Tiergues.
de gauche à droite : Sébastien, Tarique, Philippe, Sébastien, Tarique, Tarique, Philippe
Km 90 à 94 : retour au FSE...
Nathalie et moi restons un peu au ravito du 90ème, le temps de faire le plein d'encouragements et de sourires, puis nous quittons la Voie Verte du Pays de Pange en bifurquant à angle droit dans la petite Rue de la Nied qui va nous ramener gentiment sur la Rue de Metz avant de nous engager sur le dernier tronçon menant au FSE et à son haricot : la bucolique D70, zigzaguant de Courcelles à Lanceumont, avec deux petites bosses qu'on sentira passer.
Nous croisons de moins en moins de coureurs. Il se passe maintenant de longues minutes avant qu'un concurrent apparaisse au loin devant nous, progressant en sens contraire, puis encore de longues secondes avant qu'on le croise, avec ou sans accompagnateur à vélo. Encouragements mutuels. Pour eux plus que pour nous qui sommes presque rendus à présent.
Alors que nous dévalons - quelle blague ! - la pente empruntée 93km plus tôt et qui va à nouveau nous faire entrer dans Lanceumont, Nathalie et moi croisons Olivier Schaub, passablement entamé mais toujours aussi facétieux qu'à l'accoutumée, qui nous lance un jovial "Ah, c'est bon maintenant : c'est le dessert !", avant de poursuivre en direction de Landonvillers. Courage, Olivier ! Bonne route !
15h et des poussières : une dernière bouclette...
Le passage au FSE, avec l'annonce faite au micro par Marcel Schmidt, président de l'ACSA et animateur des ultras mosellans (24h de Puttelange, 100km de Mécleuves), me rebooste un peu. Cette dernière section est de toute façon, classiquement, celle où les douleurs s'effacent pour laisser place à un sursaut d'orgueil se traduisant par un regain d'énergie de derrière les fagots.
Hop ! J'allume une petite flambée, autour de 5'30 au kilo, et c'est reparti - à la zyva comme je te pousse - pour les 6 derniers kilomètres. Et on relève la tête, que diable !
Je réalise après coup, que nous avons failli croiser Olivier Cabrera qui a dû arriver dans la cuvette de Lanceumont a peu près au moment où nous sortions du haricot. Le premier, lui, est déjà arrivé depuis 20 bonnes minutes lorsque nous passons le Km 94, derrière le car-podium.
Dans les virages du centre de Frontigny, alors que mon GPS bippe une deuxième fois pour me rappeler qu'il n'en peut plus, nous passons Pierre Weber, de l'équipe
Cora Informatique, à qui nous devons
un bel album-photo de cette journée.
Puis, au bout de la ligne droite qui traverse le village, Nathalie s'arrête au ravito du 57ème juste avant qu'il soit démonté - tout le monde sera bientôt passé au 57ème km pour arriver au 62ème, au FSE, avant la barrière horaire fixée à 16h - et au moment précis où la batterie de mon Garmin expire enfin : bip, bip, bip... plus de chrono, plus de satellites, GéPé-exit.
Viennent ensuite les deux courbes pour passer sous la voie rapide, puis la rampe le long de cette dernière et enfin le plongeon sur le premier giratoire qui nous fait passer à nouveau sous la D955 et nous ouvre en grand le boulevard d'entrée dans Mécleuves. Je ne sais pas si je suis le seul à avoir ressenti cela, mais cette Rue de la Croix du Mont, longue de quelque 500m, m'a donné l'impression d'être sur les Champs Elysées, à l'arrivée du Tour. C'est dingue, les endorphines, les tours que ça peut vous jouer !
Mécleuves notoire ! as used to say the late soixante-huitards.
Hop : virage à gauche.
Hop, hop : chicanes anticléricales.
Hop, hop, hop : giratoire du lotissement du Mont et embranchement sur cette nouvelle longue ligne droite bordée de cultures ondulant dans le vent...
Pendant ce temps, l'ami Sylvain, aka
le Coq Gaulois, boucle son premier 100 bornes en 8h39 et en 4
ème position. Apparemment ravi autant que
rôti, il s'épanche bientôt au micro de Marcel...
Attention, Sylvain ! Il va falloir être relativement concis
Tu as 2 minutes
Sylvain Marlot, 3ème en 8h39
Mais que vois-je, là devant moi ? Qui galope céans, en groupe, et dans un bel élan ?
Mais oui ! Je ne rêve pas ! C'est bien Marjorie, de l'équipe des Foulées de Tom 2, en train d'en finir, aux côtés de son chéri, Eric Thomas - vous en souvient-il, braves gens ? ce Tom, nous le croisâmes à Pange, au 70ème, en quittant Clare et Sarah -, et de 4 ou 5 amis.
Ca me boooooooooste grave ! Aucun GPS ne me confirmera la chose, mais je suis certain d'avoir tourné ce dernier kilomètre en moins de 5', avec une banane d'enfer, avant d'arriver - en 5ème place et en 8h41 - au FSE pour arrêter le chrono (pas le mien : c'est déjà fait) et recevoir l'accolade de Philippe.
Que dire après ce nouveau périple, vécu avec la double casquette de coureur-organisateur ?
Ce fut dur. Très dur. On n'est pas passé loin d'un nouvel abandon.
Mais, au final,
les Parques m'ont souri. Et le sous-titre de cette
valse autrichienne - qu'il m'est arrivé d'arpenter au petit trot, profitant de stages professionnels parisiens - est tout sauf inapproprié.
Elias et Clara sur leur premier 100 bornes :-D
Bientôt, tous les concurrents auront passé la ligne.
La plupart des ADDM en a fini déjà et Arno débouche les bières qu'il a ramenées à l'attention de la petite communauté, fan de houblon et éprise d'ultra.
C'était chouette ! On remettra ça !
To be played again, Sam