Après une bonne nuit de repos sur la petite place de Vaux, le long de la voie verte, Christophe est reparti avant le lever du jour et a à nouveau apprécié la quiétude de ce moment particulier, entre chien et loup, traversant des hameaux endormis ou longeant des prairies nimbées de brouillard, jusqu’au lever du jour. A mi-section, la pente a commencé à s’accentuer, confirmant l’annonce de la veille : une première journée avec plus de 1000m de D+. Les choses sérieuses commencent.
Je suis repartie sur les petites routes, Elias déjeunant à mes côtés, afin de rejoindre Christophe à Coursage où il était arrivé quelques minutes avant nous. J’ai commencé ma première portion en savourant la fraîcheur de la petite route qui longeait le bocage. Je suis redescendue sur le barrage de Prat et ai franchi le joli pont en contrebas. Une longue portion de côte m’attendait ensuite et j’ai vraiment apprécié de marcher durant cette ascension : mon cœur et mon souffle ne sont toujours pas au top. Je ne me le serais jamais permis sur les autres Diagonales car j’aurais considéré que je n’aurais pas « fait le job »… J’ai balayé quelques arrières pensées négatives en réalisant que je suis repartie de bien plus bas encore en mai et juin alors que les portions marchées étaient majoritaires sur de toutes petites sorties. L’image qui me poursuit depuis deux jours de la personne décédée sur un trottoir d’Orléans, sans rien pour la recouvrir aux côtés de policiers plus ou moins indifférents me fait d’autant plus apprécier le moment qui, bien que n’étant pas parfait sportivement parlant, offre le mérite de se laisser vivre avec bonheur et sérénité.
Appréciant la vue dégagée au fur et à mesure que je m’élevais, j’ai ainsi rejoint Christophe et Elias qui m’attendaient sur un terrain de jeux en jouant au badminton.
C’est Elias qui a pris le relais pour une courte section de 6 km et quelques pendant lesquels Christophe a eu bien du mal à le rendre en photo comme à l’accoutumée. Elias a couru pendant que l’Equipe de France de 24h faisait elle aussi son footing. Christophe en a reçu des photos en direct par le biais de Michael Boch, dernier vainqueur de l’U2B et un des quatre finishers de l’U2B membres de cette belle équipe de France. A l’issue d’une section très vallonnée, Elias est arrivé bien transpirant. Il n’y a pas à dire, nous commençons à attaquer les choses sérieuses en matière de dénivelé. Nous nous sommes rejoints sur un parking à Terjat où j’ai eu le temps de faire une sieste tandis que Christophe repartait pour une vingtaine de kilomètres tout à découvert, dans des paysages magnifiques, avec une vue portant le plus souvent très loin. Une succession de longues côtes et de longues descentes ponctuée de traversées de petites villes : Marcillat-en-Combraye avec son marché sur la place de l’église puis Pionsat qui annonçait sans doute facétieusement l’activité privilégiée de la fin de journée.
Nous avons doublé Christophe qui courait en plein soleil sur une assez grosse route serpentant dans la forêt et nous sommes garés à la sortie des Bouchauds pour le dernier relais. J’ai fait une longue portion de descente sous un ciel de nouveau nuageux, sachant que j’allais tôt ou tard devoir remonter… cela ne s’est pas démenti et j’ai de nouveau adapté mon allure, savourant les paysages, les belles maisons et l’ambiance du moment. Une libellule m’a fait l’honneur de me servir de véhicule ouvreur pendant une centaine de mètres. J’avais envoyé mes deux compagnons en éclaireurs pour s’installer sur le camping. L’accueil n’étant pas encore ouvert à mon arrivée, je les ai néanmoins retrouvés douchés et ayant fait plein et vidanges du camping-car. Une douche, un pique nique, une lessive plus tard et nous voici de nouveau parés pour attaquer quelques parties de badminton… enfin surtout Elias qui piaffe à mes côtés, davantage prêt à en découdre que moi qui suis tout de même fatiguée ! Demain sera une journée de repos.