Cinquième 100 bornes. Deuxième abandon. Il va (donc) falloir remettre ça. Et d'abord remettre... tout à plat. Analyser les causes de l'abandon, proposer des axes d'amélioration puis tester à l'entraînement ces propositions. Et enfin, à nouveau, s'incrire sur un sixième 100 bornes en souhaitant que celui-ci ne se transforme pas en troisième abandon - faudrait peut-être pas s'y complaire non plus ! - mais tout en sachant que souhaiter ne suffira pas.
Il faudra (à nouveau) vouloir vraiment - et faire en sorte - que ça passe. D'abord, (continuer à) expliquer et régler ces nouveaux dysfonctionnements techniques. Ensuite, (continuer à) apprendre à vivre la course sereinement, en prenant du recul par rapport à l'objectif visé et en acceptant (réellement) de lâcher du lest lors des inévitables "coups de mou". Alors ce sera (la) Cerise sur le Moka... Ca passera, un jour, ça passera !
Ne nous méprenons pas toutefois. L'heure n'est pas à la pleurnicherie (étaler celle-ci ici serait plus indécent encore que d'y poster la présente prose : l'hypothèse n'est pas envisageable) mais d'ores-et-déjà à l'établissement d'un plan de bataille - salut Georges ! - en vue du prochain assaut à venir... Mais qu'il est lointain ce prochain 100 bornes ! Ah, que ne peut-on enchaîner les 100km comme des 3000m ! Ou que ne puis-je envoyer tout en l'air et définitivement me poser !
Mon Dieu, qu'il est épuisant de vivre sans Dieu ! Et que les alternativesa,b,c à l'ultrafond peuvent parfois sembler vaines !
Mais d'un autre côté, que ce désespoir est joyeux et combien passionnante la promesse des épreuves à venir ! Allons ! Haut les cœurs, Sisyphe ! Roule ta bille, encore et encore ! Amasse les mousses à la santé de tes compagnons d’écurie, coincés comme toi dans cette absurde galaxie ! Récidive, au fil indifférent des succès et des échecs, et mate enfin le percheron rétif !
Mais sautons de l'âne au coq maintenant. Reprenons nos chères études. Suivons le bon Master et re(de)venons agneaux/m(o)utons. Ou, comme bêlait Pascal @Porcus_Rex, reprenons le fil de nos pensées. Tâchons de démêler l'écheveau. Sans trop toutefois leur lâcher la bride.
Première participation aux 100km du Spiridon Catalan
Parcours : 10 aller-retours entre Baho (départ & arrivée) et Saint-Estève (demi-tour)
Départ : samedi 9 novembre 2013 à 8h
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Nathalie s'aligne sur les 50km, moi sur 100. Nous déposons nos "ravitos perso" sur la table mise à disposition au km 0 (modulo 10). Nathalie a le Garmin au poignet et moi une simple montre-chrono, avec laquelle j'enregistre les données suivantes... jusqu'au 70ème km.
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BASE 5
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SEBA 10
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BASE 15
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SEBA 20
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BASE 25
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Durée / 5km
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23'20
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22'20
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22'19
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22'37
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22'40
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Durée cumulée
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23'20
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45'40
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1h08
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1h31
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1h53
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SEBA 30
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BASE 35
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SEBA 40
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BASE 45
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SEBA 50
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" "
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22'15
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22'18
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22'21
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22'44
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23'45
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" "
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2h16
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2h38
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3h00
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3h23
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3h47
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BASE 55
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SEBA 60
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BASE 65
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SEBA 70
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" "
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25'12
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26'21
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31'05
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49'47
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" "
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4h12
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4h38
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5h09
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5h59
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La découverte du circuit, au cours du premier aller-retour, est d'abord source d'émerveillement. C'est MA-GNI-FIQUE ! On trotte au milieu des vignes, des cactus et des pins, surplombés par le Canigou, les yeux écarquillés... Wow ! On note bien néanmoins, dans un coin de la tête (celui qui lâchera tout à l'heure), que la côte du départ, insignifiante au tout premier passage, le sera nettement moins d'ici quelques 4 à 5 heures.
Je tourne un peu en compagnie, plus ou moins lointaine, de deux espagnols - un en rouge, l'autre en bleu - et discute avec un coureur local sans dossard qui s'essaie ici en vue de prendre bientôt son premier dossard sur ce format.
Tout va bien jusqu'au 32/33ème km, où arrivent, comme prévu, les premiers troubles désormais bien connus et que je qualifierai de crampes abdominales. Depuis mes 2 premières expériences, à Theillay et Millau, j'ai appris à gérer ce problème-là en pratiquant des exercices de respiration. En fait, il s'agit en quelque sorte de se reconcentrer sur la course dont l'allure tranquille incite l'esprit à vagabonder et le coureur à oublier qu'il court : le souffle est susceptible alors de se désolidariser de la foulée et, plus ennuyeux, d'être "zappé" par le coureur. Or, même à cette allure, il est nécessaire de respirer... et, tant qu'à faire, suffisamment et en cadence. D'où le "travail" de reconcentration pour se réveiller et sortir de cette phase d'hypnose/apnée dans laquelle on s'était involontairement fourvoyé. Comme une paire de claques... Réveil !
L'hydratation se passe sans problèmes, à raison de 33cl de boisson énergétique par aller-retour (10km). Le passage au marathon se fait plus tôt que programmé - 3h08 au lieu de 3h14 à 3h20 - et le passage à mi-course en 3h47 (au lieu de 3h50à 3h55). C'est toujours un petit peu trop rapide - j'en ai été bien conscient dès le premier retour de St-Estève (cf. la section "SEBA 10" ci-dessus) mais suis néanmoins resté calé sur cette allure, avec la sensation, de toute façon, d'avoir "le frein à main serré à fond". Je pense (et j'accueillerai avec beaucoup d'intérêt les commentaires à ce sujet) que les pépins survenus ensuite ne sont pas dûs à l'allure mais qu'ils auraient été tout aussi présents et invalidants si je m'étais obligé à ralentir davantage encore.
De 10h30 à 12h, le vent, resté discret et assez sympa jusque là, commence à forcir. Et forcit considérablement. Dans le même temps, la température augmente elle aussi, jusqu'à des valeurs inconnues à cette époque dans nos contrées septentrionales et plutôt embrumées. Le vent qui masque la sensation de chaleur nous empêche de prendre conscience que nous transpirons assez abondamment.
Au 55ème km, à l'entame du 6ème demi-tour, je prends conscience que ma bouteille est quasiment vide. Et c'est sans doute là - voire 5km plus tôt - que je commets l'erreur de prendre ce détail à la légère... et de repartir pour 5km sans recharger ladite bouteille en eau et Coca.
Au 57ème, je suis obligé de m'arrêter pour étirer une première fois une violente crampe à l'adducteur gauche. Et je commence à gamberger. Je sollicite un peu d'eau auprès d'une accompagnatrice à vélo, arrêtée à proximité, qui a la gentillesse de me proposer en outre des granules d'arnica. Je la remercie et repars, à moitié rassuré, en marchant tout d'abord puis en accélérant très progressivement jusqu'à retrouver mon allure de croisière.
De retour à Baho, au 60ème km, je bois St-Yorre et Coca et reprends une bouteille, bien décidé à la vider d'ici le 65ème et à la recharger lors du demi-tour à St-estève. Mais à peine sorti de Baho, au milieu de la ligne droite qui précède la côte du départ (modulo 10km), je suis à nouveau contraint de m'arrêter, 2 ou 3 minutes cette fois-ci, pour tâcher d'étirer les adducteurs et faire disparaître ces nouvelles crampes. Je repars à une allure de marche "rapide", mais sans oser commencer à "accélérer" avant la fin de la côte. Arrivé en haut, j'embraye sur un petit 5'30/km (contre 4'30 initialement) qui se mue rapidement, le vent "aidant", en 7 à 7'30/km.
A partir de là - deuxième erreur sans doute - je commence à faire des calculs et réalise que je ne pourrai finir en moins de 8h30... voire 9h. Cela finit de me désarçonner et précipite ma décision. Je ne suis pas venu pour finir. Finir n'est pas en soi un objectif. Mon objectif, d'abord revu à la baisse (7h50 - 8h) puis réhabilité (7h40), est désormais hors d'atteinte. Faut-il alors "se mettre minable" dans le seul but de finir en 8h30, 9h ou 9h30 et peut-être au risque de se blesser en forçant sur des crampes pas franchement disposées à s'estomper ! Serait-ce aimer ?
Au 65ème j'annonce au ravito que j'abandonne ; mais on m'exhorte à continuer - ça va repartir, tu verras - et je repars, vaille que vaille, l'amer dans l'âme... Je croise Seb (Sébastien Albert) qui lui aussi m'encourage et - disons-le - m'engueule... pour que je me reprenne. Ce n'est pas la première fois qu'il tente de me relancer sur un 100 bornes. Ce n'est pas la première fois que je ne veux pas. Que je ne veux plus. Et on arrête donc là. Enfin... au 70ème km, après une interminable dernière section de 5km parcourue en près de 50'.
Je garde le positif pour la fin - car il y a tout de même du positif. Si ce 100 bornes s'est soldé par un nouvel échec personnel, sa préparation aura par contre été, de mon point de vue, à la fois mieux construite, mieux gérée et plus "typée 100" que les précédentes. Je continuerai donc dans cette direction. Dans l'immédiat, on s'autorisera une bonne semaine de repos, avant la reprise en douceur de la VMA en vue des cross et 10km de fin d'année.
Nous avons été très heureux de revoir les amis ADDM : Tristan et Vincent sur le 50, Sébastien et Christophe sur le 100.
Nathalie a, quant à elle, réalisé une très belle course qui lui donnera, je l'espère, envie de nous faire profiter d'un petit CR également.
Christophe
Qu'il serait doux de s’endormir dans l’espérance, renoncer à la lucidité, d'insomnie être dispensé. Ce plan-là semble au poil ! Mais... non, non, non... on ne peut pas ! Quand bien même ce serait possible pour un instant, pour un instant seulement, l'honnêteté bien vite nous l'interdirait et nous rappellerait à notre état naturel : confrontation au néant ou contemplation du Tout. Juste une question de vocabulaire... pas de quoi se prendre le chou... une petite soupe, un peu plus si affinités et au lit ! Et la boucle est bouclée. L'insomnie assurée. Et l'alternative crédible... encore à trouver.
Mais alors... pourquoi ne pas simplement prendre la première sortie ?! Bien sûr... mais, c’est un cul-de-sac là aussi.
Ou bien encore... s’étourdir dans une débauche nihiliste (du cul-de-sac au cul-de-poule) ou dans l’ascèse dûment ordonnée (par quelque pylone, sur le porte-bagage de quelque motocyclette, un certain 22 mai) ?
Eh bien oui... Pourquoi pas tirer au sort - à Peel Sessions ou Fass Binder - et adopter celle qui tombera de ces deux faces à claquettes d'une même médaille. Deux manières de consumer la même flamme. & Co. En mode canin. Ou capucin. En reniant son intégrité. En revêtant de vent son absurdité. Cumul autorisé. Mais qui donc s'y emploierait ?!